Sarah Palin, gouverneure de l'Alaska et candidate républicaine à la vice-présidence des Etats-Unis, souhaite que le créationnisme et la théorie de l'évolution soient enseignées sur un pied d'égalité dans les écoles américaines. Elle a souvent contesté le bien-fondé des liens établis entre le réchauffement climatique et l'activité humaine. Bien qu'elle vive dans un des environnements les plus fragiles du monde au plan écologique, elle fait la promotion de la prospection du pétrole de la réserve naturelle arctique et d'un gazoduc pour transporter le gaz naturel à travers l'Alaska.

La recherche d'arguments à caractère scientifique ne doit pas être le souci principal de cette fervente évangéliste, croirait-on. Pourtant, dans une poursuite lancée le mois dernier contre la décision de Washington d'inscrire l'ours polaire sur la liste des espèces menacées, la gouverneure de l'Alaska a affirmé que cette décision ne tenait pas compte des "meilleures données de la science": son plaidoyer faisait état des recherches d'au moins six scientifiques remettant en question la menace d'extinction des ours polaires ainsi que le facteur humain dans le réchauffement climatique. Madame Palin serait-elle devenue soucieuse d'intégrer la rigueur des sciences à ses décisions politiques ?

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Selon le journal britannique The Guardian, non seulement l'état de l'Alaska ne compte aucun spécialiste des ours polaires, mais certains travaux des scientifiques cités par la gouverneure, qui contredisent la plupart des experts mondiaux en climatologie et en étude des mammifères, ont été financés par l'industrie pétrolière (dont Exxon Mobil et l'American Institute of Petroleum). Il faut savoir que les compagnies pétrolières ont récemment déposé une soumission de 2,7 milliards pour les droits d'exploration de la mer de Chukshi, habitat important pour les ours polaires, et que l'inclusion de ces animaux parmi les espèces menacées remettrait en cause le projet de Mme Palin de construire un gazoduc.

De la même façon que les promoteurs néo-créationnistes du "dessein intelligent" (intelligent design) utilisent les travaux de scientifiques marginaux ou complaisants à l'appui de leur thèse, Mme Palin tente de donner une caution scientifique à ses projets politiques. Dans l'un et l'autre cas, il s'agit de mettre la science au service de convictions qui n'ont rien à voir avec celle-ci. Malheureusement, il y a - et il y aura toujours - des chercheurs prêts à se vendre au plus offrant.

Le sénateur McCain, qui dit vouloir défendre l'intégrité scientifique contre les ingérences politiques, aurait intérêt à regarder de plus près ce qui se passe dans la cour de sa colistière.

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