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70% c’est l’augmentation nécessaire en production agricole pour subvenir aux besoins de 9 milliards d’êtres humains. Un tiers de bouches de plus à nourrir qu’il n’y en a aujourd’hui. Où trouvera-t-on toute cette nourriture?

Si l’on sait que 9 milliards d’êtres humains pose déjà un problème d’entassement dans les villes (avec tout ce qui s’y rattache) et que les villes devront tendre vers une expansion latérale, cela se fait évidemment au détriment des campagnes avoisinantes. Selon le service d’information de l’ONU, la majeure partie de la croissance démographique aura lieu dans les pays en développement, particulièrement en Afrique subsaharienne où l’on assisterait à une croissance de 108% d’ici 2050, ce qui représente quelque 910 millions de bouches à nourrir. De plus, selon cette même source, environ 70% de la population mondiale sera concentrée dans les zones urbaines, ce qui signifie 49% de plus que maintenant. Nous en revenons donc à notre problème de densité urbaine. Or, et là est le paradoxe (ou plutôt le problème majeur), on estime qu’en 2050, la production céréalière nécessaire à la demande devra atteindre 3 milliards de tonnes, soit un milliard de tonnes de plus que la production actuelle et celle de la viande devra augmenter de plus de 200 millions de tonnes. http://www.un.org/apps/newsFr/storyF.asp?NewsID=20120&Cr=faim&Cr1=agriculture En somme, cela demanderait à ce que les terres arables augmentent leur superficie de 120 millions d'hectares dans les pays en développement, principalement en Afrique subsaharienne et en Amérique latine, exactement là où l’on prévoit la plus grande croissance démographique. Cul-de-sac!

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De plus, selon le service d’information de l’ONU : « une grande partie des terres encore inexploitées souffrent de contraintes chimiques et physiques, de maladies endémiques et du manque d'infrastructures, autant de problèmes difficiles à surmonter. Il faut donc des investissements de taille pour les mettre en production » (ONU, 2011). Ajoutons à cela qu’un certain nombre de régions, par exemple le Proche-Orient, l’Afrique du Nord et l’Asie du Sud, ont déjà atteint, ou n’en sont plus très loin, la limite des terres disponibles. Alarmant non?

A l'échelle mondiale, un autre problème se pose : les ressources d'eau sont réparties de façon très inégale, faisant en sorte que le manque d'eau qui atteint déjà des niveaux inquiétants, se révèlera encore bien plus alarmant dans un nombre toujours plus grand de pays ou de régions.

Dès lors, il deviendrait absolument primordial de revoir les systèmes agricoles en entier afin d’augmenter la productivité de façon efficace, d’une part sans étendre la superficie des terres agricoles et d’autre part, sans recourir aux engrais chimiques et aux OGM. Les plus optimistes d’entre nous répondront certainement aux affirmations précédentes en disant que c’est possible de nourrir 9 milliards d’êtres humains, à raison de changements dans l’agriculture, car il y a toujours moyen de repenser cette dernière. Certes, il n’est pas impossible que la découverte d’une méthode agricole extraordinaire soit faite d’ici là, mais quels changements radicaux cela nécessiterait, puisqu’au moment présent, il n’existe aucune alternative aux engrais chimiques, aux pesticides et aux OGM pour subvenir à une production de très grande masse (l’agriculture biologique est en effet bien loin du compte). Veut-on des OGM dans notre assiette? Ce n’est pas le sujet de ce billet, mais je vais tout de même me permettre une petite digression. Bien que les effets à long terme des organismes génétiquement modifiés n’ont pu être démontrés faute d’une utilisation qui est relativement nouvelle, Santé Canada affirme cependant qu’il y a des risques potentiels de toxicité et d’allergies liés à la présence du gène inséré, de développement d’une résistance à certains antibiotiques, d’une diminution de la valeur nutritive de certains aliments et d’autres risques imprévisibles. http://www.ogm.gouv.qc.ca/sante_risques.html. Les pesticides quant à eux ont souvent une incidence sur le système nerveux, avec des symptômes (selon que l’intoxication est légère ou plus grave) pouvant aller de la diarrhée jusqu’à la mort. http://www.cchst.ca/oshanswers/chemicals/pesticides/health_effects.html. Finalement, les engrais chimiques, particulièrement ceux à forte concentration de nitrates, sont extrêmement polluants et constituent, selon le CNRS, la cause majeure de pollution des grands réservoirs d’eau souterraine. http://www.cnrs.fr/cw/dossiers/doseau/decouv/degradation/07_pollution.htm Alors je repose la question : en veut-on dans notre assiette?

Quant à savoir si la terre est capable de nourrir 9 milliards d’êtres humains, je répondrai non seulement qu’il faudrait réinventer les technologies agricoles, accroître les investissements dans l'agriculture et en faire une priorité absolue, mais aussi s’occuper de la réduction de la pauvreté afin que tous aient accès équitablement à une alimentation de base. Mais en réalité, 9 milliards d’êtres humains ce n’est pas que des bouches à nourrir, c’est aussi un manque de place, d’énergie, de ressources, un problème important de pollution, de maladies, etc. Difficile donc, de faire de l’agriculture la priorité absolue, tout particulièrement avec la raréfaction du temps. En effet, dans un monde où les ressources se font de plus en plus rares, le facteur le plus sollicité et pourtant impossible à contrôler pourrait bien être le facteur temps. http://www.science.gouv.fr/fr/actualites/bdd/res/3381/2050-comment-nourrir-9-milliards-d-humains-/

Ainsi, nourrir 9 milliards d’humains est tout un défi et à moins de trouver la solution agricole miracle qui pourrait subvenir, de façon saine, durable et équitable, à une production de très grande masse, le portrait se dessine pour qu’en 2050, malheureusement, une partie toujours croissante de la population n’ait rien dans son assiette, alors qu’une autre partie ait vraisemblablement des légumes géants gonflés aux OGM.

Shanie S. Parent

Ce billet a été écrit dans le cadre d'un travail d'équipe pour le cours RED2301 - Problèmes de vulgarisation, donné par Pascal Lapointe, à l'Université de Montréal à la session d'hiver 2011.

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