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Depuis plusieurs années déjà, le Canada n'est plus le plus meilleur pays du monde. C'est la Norvège qui, selon l'ONU, possède l'indice de développement humain le plus élevé au monde. Si ce titre n'a rien à voir avec l'environnement, il n'en reste pas moins que le nouveau plus meilleur pays a peut-être damé le pion à l'ancien dans ce domaine-là aussi.

Le gaz naturel que nous utilisons au Québec n'est pas produit au Québec: il nous vient de l'Alberta. Les compétences provinciales étant ce qu'elles sont, c'est donc l'Alberta qui décide comment elle gère l'exploitation de cette ressource. Elle préfère, ô surprise, laisser cette exploitation entre les mains de l'entreprise privée pour ensuite récolter des droits. Libre à elle. D'une façon comme d'une autre, le Québec ne choisit pas du tout comment le gaz qu'il utilise est produit.

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On sait pourtant que toutes les exploitations ne se valent pas. Il est possible de minimiser les effets de l'exploitation et de l'utilisation du gaz naturel; la Norvège, vous l'aurez compris, tente de le faire sur son territoire. Le gaz naturel norvégien est exploité par Statoil, une compagnie dont l'actionnaire principal est le gouvernement norvégien. Statoil exploite entre autres le puits Sleipner Vest, dans la mer du Nord. Sleipner Vest est un puits de gaz traditionnel; le méthane qu'il produit contient environ 9% de dioxyde de carbone, ou CO2. Traditionnellement, ce CO2 est « ventilé », ou tout simplement rejeté dans l'atmosphère au point de forage. À Sleipner Vest, ce CO2 est capturé et enfoui dans un réservoir géologique, et ce depuis 1996. Pourquoi? Parce que le gouvernement norvégien a fait de la réduction des gaz à effets de serre un enjeu important. (Le lien est lourd, mais intéressant: c'est l'inventaire des gaz à effets de serre du gouvernement norvégien pour l'année 2010, obligatoire sous l'accord de Kyoto. Commencez à la page 112, ça vaut la peine.)

Au Québec, le gouvernement Charest vient d'annoncer qu'il va encourager l'achat de véhicules électriques. L'objectif: 25% de voitures électriques sur les routes d'ici 2020. On peut reprocher ce qu'on veut à cette annonce, il n'en reste pas moins qu'elle est à tout le moins logique pour une province qui possède une compagnie comme Hydro-Québec. Pour les Québécois, conduire des voitures électriques, c'est faire d'une pierre deux coups: donner de l'argent à une société d'état plutôt qu'à Shell tout en réduisant notre bilan de gaz à effets de serre.

Il est intéressant (et un peu facile, mais vous me pardonnez, j'en suis sûre, sachant qu'on m'a donné le mandat de ne pas être contre les gaz de schiste...) de noter que les 58 réacteurs nucléaires gérés par Électricité de France, un "établissement public à caractère industriel et commercial", se portent très bien merci et depuis fort longtemps. Fukushima Dai-ichi a été construite et gérée entièrement par TEPCO, une société privée, qui n'a certainement pas causé le tsunami, mais n'a peut-être pas fait assez pour se prémunir contre les prévisibles tremblements de terre japonais.

Et les gaz de schistes, dans tout ça? Un gaz de schiste produit au Québec par une société d'état aurait l'immense avantage d'être contrôlé par un gouvernement élu par... les consommateurs de ce gaz de schiste. Ces consommateurs auraient donc la possibilité d'imposer des réglementations environnementales strictes. Parce que 25% de voitures électriques en 2020, ça laisse 75% de voitures qui roulent à l'essence produite hors de notre contrôle. Le gaz de schiste pourrait faire partie de la solution – considérons-le.

- Véronique Pagé -

Ce billet a été écrit dans le cadre d'un travail d'équipe pour le cours RED2301 - Problèmes de vulgarisation, donné par Pascal Lapointe, à l'Université de Montréal à la session d'hiver 2011.

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