
Depuis quelques années, une mystérieuse région froide, qui apparaît en bleu sur les cartes mondiales des variations de température, se distingue du reste de l’Atlantique, au voisinage du sud du Groenland. Deux études publiées récemment semblent en avoir trouvé les causes.
À lire également
On sait que la température à la surface des océans est en hausse un peu partout sur la planète depuis une centaine d’années. Cependant, une petite région dans le nord de l’Atlantique résiste encore et toujours au phénomène. En anglais, on en parle comme du « blob » ou du « mysterious cold blob ».
Une hypothèse circulait depuis quelques années déjà, voulant que ce soit l’affaiblissement de la circulation méridienne de retournement atlantique (AMOC, pour Atlantic Meridional Overturning Circulation) — un système de courants océaniques — qui serait responsable. Quand tout va bien, l’AMOC fonctionne comme un tapis roulant: il transporte d’abord l’eau chaude et salée des Tropiques vers l’Atlantique Nord. À cet endroit, l’eau refroidit et devient plus dense, ce qui l’entraîne vers le fond. Cette eau froide retourne ensuite vers le Sud et le cycle recommence.
Abonnez-vous à notre infolettre!
Pour ne rien rater de l'actualité scientifique et tout savoir sur nos efforts pour lutter contre les fausses nouvelles et la désinformation!
Dans un article publié en mai dans le journal Communications Earth & Environment, des chercheurs de la Californie expliquent avoir mené des simulations à partir de deux types de données : des observations sur l’AMOC recueillies pendant 20 ans et des mesures de la température et de la salinité de la mer recueillies dans les 100 dernières années. Cette analyse leur permet de confirmer que l’AMOC a bien ralenti entre 1900 et 2005 et ce, en raison de la fonte des glaces du Groenland. Cet apport d’eau douce dans les eaux de l’Atlantique aurait perturbé la dynamique du système.
Ce qui se passe dans l’océan ne serait toutefois qu’une petite partie du problème, affirme pour sa part une équipe de scientifiques de la Pennsylvanie dans un article publié en juin dans le journal Science Advances. Selon eux, l’affaiblissement de l’AMOC provoquerait également des conditions atmosphériques plus sèches et plus froides, ce qui amplifierait le refroidissement des eaux de surface dans cette région de l’Atlantique. Cela contribuerait à garder la tache froide à une température inférieure à celles des eaux environnantes.
Les chercheurs de la Pennsylvanie rappellent que la tache froide influence non seulement le climat local, mais aussi certains phénomènes comme le courant-jet, la trajectoire des systèmes orageux et jusqu’au climat européen, d’où l’importance de mieux en comprendre les causes.