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Quand on s’intéresse aux phénomènes les plus étranges et difficiles à expliquer comme l’origine de l’univers ou la conscience humaine, il n’est pas étonnant de tomber sur des hypothèses qui nous semblent pour le moins… étonnantes!

C’est ainsi que, depuis un certain nombre d’années, des acteurs importants dans le domaine de la recherche sur la conscience en viennent à adopter une position qui fut traditionnellement associée à la spiritualité orientale ou aux divers courants «new age»: le panpsychisme. Cette idée fut longtemps considérée avec circonspection par la science occidentale parce qu’elle suppose que la conscience pourrait être largement répandue dans le monde physique et pas seulement l’apanage de l’humain et de quelques autres grands singes.

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Pas facile en quelques lignes de dire ce qui pousse des gens comme David Chalmers ou Christof Koch à tendre vers cette position. Mentionnons tout de même que Chalmers a contribué à définir le problème difficile de la conscience («hard problem», en anglais), c’est-à-dire la difficulté d’expliquer comment quelque chose de foncièrement subjectif comme la conscience peut être expliqué par des états de la matière, en l’occurrence de l’activité cérébrale. Évidemment tous n’acceptent pas intégralement les termes de ce dilemme, de ce «fossé» qui sépare les deux choses («explanatory gap», en anglais).

N’empêche, des gens comme Koch qui s’affairent depuis au moins deux décennies à scruter la conscience avec les outils des neurosciences pour en montrer les corrélats neuronaux peuvent en venir à adopter une vision proche du panpsychisme. Cette vision des choses permet en effet de résoudre une des grandes énigmes reliées à l’étude de la conscience quand on la considère d’un point de vue évolutif: si les humains sont conscients, que l’on s’entend pour dire que d’autres primates ont aussi une forme de conscience, que les chiens en ont probablement aussi une certaine forme, et peut-être aussi les oiseaux, etc., alors où s’arrête-t-on?

Comme pour bien d’autres choses, la notion de libre arbitre par exemple, la conscience semble être une question de degrés, et il est possible d’imaginer des formes de consciences très minimales dans des systèmes neuronaux (ou informatiques) beaucoup plus simples qu’un cerveau humain. Quelque chose qui émergerait naturellement avec la complexification des structures, qu’elles soient vivantes ou non…

* * *

Ce genre de question offre «des heures de plaisir» à qui daigne s’y intéresser un tant soit peu. Encore faut-il avoir accès aux articles de ces scientifiques et de ces philosophes qui passent leur vie à les explorer. Ce qui n’est pas toujours facile avec le système de publication académique de revues spécialisées payantes.

Mais de plus en plus d’initiatives de publications de qualité accessibles gratuitement voient le jour. La dernière en date dans le domaine de la recherche sur la conscience s’appelle Open Mind, un site web qui vient d’être lancée par le philosophe de l’esprit Tomas Metzinger et son équipe (voir le 2e lien ci-bas). Celle-ci comprend de nombreux étudiant.es gradué.es et professeur.es qui ont colligé plus de 1500 pages d’articles écrits par plus de 90 auteurs différents sur un nombre impressionnant de sujets reliés à l’étude de la conscience et des sciences cognitives au sens large.

Metzinger et sa collègue Jennifer Windt ont choisi de marquer la 20e réunion du groupe de recherche Mind qu’ils coordonnent depuis 2003 non pas en organisant une conférence universitaire standard avec son inévitable empreinte massive de CO2 liée aux déplacement des invité.es, mais plutôt en créant quelque chose de plus durable qui pourrait bénéficier pendant les années à venir aux étudiant.es et chercheur.es moins privilégié.es, par exemple ceux de pays tels que l'Inde, la Chine ou le Brésil.

Histoire que tout le monde puisse avoir accès à des articles comme ceux du neurophysiologiste Wolf Singer, qui rappelle l'état actuel des recherches sur les corrélats neuronaux de la conscience. Ou ceux d’un Daniel Dennett qui explique pourquoi la conscience pourrait bien n'être qu'une illusion. Ou encore ceux de Heiko Hecht qui se demande pour sa part en quoi, exactement, une illusion peut consister. Des heures de plaisir, disait-on…

Les liens:

Why can’t the world’s greatest minds solve the mystery of consciousness?

Open Mind

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