Dorsal vertebrae MRI

En ce début d’année 2019, le gouvernement du Japon a approuvé la commercialisation, sur son territoire, d’un traitement utilisant des cellules souches pour guérir les lésions de la moelle épinière. Il s’agit d’une première mondiale, qui est très loin de faire l’unanimité.  

Par Quentin Fachon

Masanori Fukushima, directeur du Translational Research Informatics Center, organisation gouvernementale soutenant le projet depuis plus d’une dizaine d’années, affirme qu’il s’agit d’une « révolution sans précédent en science et en médecine », et qu’elle pavera de nouvelles avenues au progrès médical. D’après leurs recherches, 12 patients traités sur 13 ont montré des résultats significatifs après 6 mois. Certains retrouvaient des sensations perdues dans leurs membres, d’autres ont récupéré la possibilité d’effectuer certains mouvements.

Mais bien que tout cela semble positif et prometteur, le site de la revue scientifique Nature a recueilli l’opinion d’une dizaine d’experts qui n’étaient pas impliqués dans ce projet. Plusieurs d’entre eux critiquent la rigueur du processus utilisé pour l’étude, à commencer par le fait qu’elle n’a pas été réalisée en double aveugle, un procédé d'expérimentation standard en science, garant d’une certaine intégrité. Selon Bruce Dobkin, un neurologue de l’Université de Californie, la façon dont cette étude a été conçue ne lui permet pas d’évaluer véritablement l’efficacité du traitement, et rend difficile de savoir si les effets à long terme sont dus aux cellules souches ou à de la régénération naturelle.

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Arnold Kriegstein, un chercheur dans le domaine des cellules souches à l’Université de Californie va même jusqu’à dire que la mise en marché d’un tel traitement est immorale, car les bénéfices en sont moins connus que les risques. Selon lui, il est inconcevable de faire payer aux gens un traitement qu’on ne maîtrise pas encore. L’utilisation de cellules souches a d’ailleurs été reconnue pour créer des caillots sanguins dans les poumons, ce qui la rend encore très risquée.

Pour certains experts cette approbation serait même dangereuse, car elle remettrait en question toute la rigueur nécessaire à la conduite d’une expérience clinique valide.

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