On peut rapidement mettre de côté les fictions mettant en scène un seul scientifique puisque dans la plupart des cas, le personnage a un rôle d’exposition. Même dans The Big Bang Theory, on voit peu les personnages de scientifiques travailler en équipe en dehors du groupe amical et souvent sur des projets annexes à leurs recherches. Mais de plus en plus de séries mettent en avant une équipe de chercheurs ( Helix, Manhattan, Masters of Sex …). Dans ce cas, les interactions entre les chercheurs sont dépeintes et forment une part importante du récit.
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La collaboration d’abord au sein de ses proches
Dans les séries, la forme de collaboration scientifique se voit essentiellement au sein des équipes de recherche. Ainsi, le plus souvent, les équipes sont formées de scientifiques ayant chacun sa spécialité apportant chacun des éléments aux recherches du groupe. C’est particulièrement visible dans des séries du type Les Experts (CSI ) ou dans la première saison d’Helix. Cela permet de clairement définir la tâche de chacun et les informations sont remontées au chef du groupe qui analyse les résultats pour faire avancer la recherche. Ce même chef donnera alors de nouveaux axes de recherche.
Cette vision très hiérarchique de la recherche n’est pas toujours présente. Dans Manhattan, l’équipe du Dr Winter a des moments de concertation et de réflexion sans leur chef tandis que dans The Knick où le Dr Thackery, le chirurgien en chef, travaille avec son sous-subalterne, le Dr Chickering Jr. de manière collégiale. Une autre scène de travail collaboratif se trouve dans le film Agora où Hypatie discute avec les autres membres de la bibliothèque de diverses hypothèses possibles.
La collaboration scientifique avec des chercheurs géographiquement éloignés est assez rare. La plupart du temps, il s’agit de chercheurs effectuant des suivis et des mesures. Même si ça peut donner à quelques échanges de théories, la collaboration se limite le plus souvent à des échanges de données (et en particulier d’anomalies dans celles-ci). Ce manque de collaboration longue distance peut s’expliquer par des contraintes de mise en images. Il n’est pas toujours facile de montrer des réflexions de groupe sans perdre le spectateur ni l’ennuyer mais il est très dur de montrer ce type d’échanges par mail interposé (ou même téléphone) avec ces mêmes contraintes.
La concurrence ou cet ennemi invisible
A l’opposé de la collaboration se trouve la concurrence qui peut être féroce entre les équipes de recherche. Or, cette dernière est assez peu présente dans les fictions présentant des scientifiques. Quand elle est évoquée, il s’agit le plus souvent d’une menace assez impersonnelle. Les personnages en parlent de temps en temps, mais elle reste assez lointaine. Il s’agit souvent d’une équipe étrangère et semble plus là pour imposer une découverte le plus rapide possible.
Un très bon exemple est la deuxième saison de Masters of sex où un autre médecin publie un article autour de la sexualité coupant l’herbe sous le pied de nos héros qui sont en plus dans une situation financière délicate pour leur recherche. Mis à part l’article, ce concurrent n’est pas présent outre mesure. Il a plus un rôle scénaristique pour pousser les personnages principaux à agir et à eux-mêmes exposer leurs découvertes même si la collecte de données n’est pas suffisante par rapport au sujet d’étude.
A l’opposé, la série Manhattan met en avant la concurrence en présentant deux personnages principaux dans deux équipes de recherche en concurrence directe pour créer la bombe en travaillant à partir d’une hypothèse différente. On voit ainsi les deux équipes (et en particulier celle du Dr Winter qui a des effectifs et des moyens moindres) devant produire des résultats probants validant leur hypothèse de travail le plus rapidement possible. Au fil de la série, cette concurrence se transformera en collaboration à l’insu de l’état-major qui souhaite le secret le plus absolu autour de ces recherches.
Collaboration et concurrence : revers d’une même médaille?
Finalement comme le montre Manhattan ou The Knick, concurrence et collaboration sont deux éléments moteurs et importants de la recherche. Si la concurrence peut être une source de motivation à se dépasser, la collaboration et l’échange d’information permettent des découvertes plus rapides en éliminant les hypothèses de travail déjà invalidées par d’autres. Si ces éléments ne sont pas facilement montrables dans une fiction audiovisuelle de façon simple et intéressante pour le spectateur, ils n’en sont pas totalement absents. Plus l’action de la série est centrée sur la recherche et plus ces problématiques sont présentes car elles sont connues du public pour faire partie du travail de chercheurs.
Néanmoins, la collaboration est souvent plus présente que la concurrence car cette dernière est vue comme dérive de la recherche en rendant le but du chercheur moins pur : être le premier à faire la découverte plutôt que de simplement contribuer à l’augmentation du savoir universel. La concurrence est aussi vue comme source de précipitation, de fraude et de manque d’éthique (pour avoir des résultats le plus rapidement possible).
Ainsi dans The Knick, le Dr Thackery sera dans une concurrence acharnée avec d’autres médecins avant de convenir de plutôt agir en collaboration avec ses divers collègues (au sein de l’hôpital ou travaillant dans d’autres établissements) passant ainsi de la recherche de la gloire (but impur) à la recherche de nouvelles techniques pour mieux soigner les malades (visée pure).
Si cette opposition entre concurrence et collaboration permet de montrer une recherche magnifiée et valorisée, elle empêche une représentation totalement réaliste de la recherche. Or c’est oublié que les chercheurs sont humains et peuvent être motivés par autres choses que le simple fait de faire des découvertes. Ainsi, la concurrence ne sera pas forcement mauvaise conseillère et peut faire partie des motivations d’un chercheur ou d’une équipe de recherche. Elle permet d’innover en cherchant une solution originale à un même problème.