Il existe actuellement peu de données concernant le fond marin de l’Arctique canadien, surtout en ce à trait à la chimie des sédiments marins, notamment les hydrocarbures aromatiques polycycliques (HAPs) et les métaux traces. Les HAPs sont produits lors d’une combustion, qu’il s’agisse d’un simple feu de bois ou de la combustion du carburant des bateaux, et sont relâchés dans l’atmosphère. Certains d’entre eux sont toxiques et ils ont été classés dans la liste des polluants prioritaires de l’Environmental Protection Agency (EPA) des États-Unis. Quant aux métaux traces, certains sont déjà présents en faibles quantités dans les sols et dans les fonds marins, mais l’augmentation de leur concentration pose un risque puisque certains peuvent devenir toxiques à de trop hautes teneurs ou encore provoquer des déséquilibres dans l’écosystème. Au fil de leur déposition à la surface de l’eau et de leur sédimentation, ces composés chimiques peuvent atteindre les fonds marins ou réagir avec la matière organique présente dans la colonne d’eau. C’est pourquoi l’analyse des sédiments de surface, c’est-à-dire la couche la plus récente et qui représente l’interface eau-sédiments, permettra d’obtenir des données sur l’état actuel des concentrations et de la répartition géographique de ces composés chimiques.
Échantillonnage des sédiments de surface dans le carottier à boîte
Photo : Jean-Carlos Montero-Serrano
Abonnez-vous à notre infolettre!
Pour ne rien rater de l'actualité scientifique et tout savoir sur nos efforts pour lutter contre les fausses nouvelles et la désinformation!
C’est dans ce contexte qu’une série des carottes à boîte, réparties sur une large zone couvrant la portion canadienne de la mer de Beaufort jusqu’à la Baie de Baffin, ont été échantillonnés par des chercheurs de l’Institut des sciences de la mer de Rimouski (ISMER) de l’Université du Québec à Rimouski (UQAR) lors de différentes expéditions à bord du brise-glace de recherche NGCC Amundsen. Ces expéditions s’inscrivent dans le cadre de la programmation de recherche d’ArcticNet, un réseau qui regroupe une trentaine d’universités canadiennes.
Anne Corminboeuf au travail dans un laboratoire sur l’Amundsen
Photo : Jean-Carlos Montero-Serrano
À la suite d’un long processus d’analyse effectué par l’étudiante à la maîtrise en océanographie de l’UQAR-ISMER, Anne Corminboeuf, les résultats de ces recherches fourniront une ligne de base sur la concentration, la distribution spatiale et l’apport anthropique actuel des HAPs et des métaux traces dans l’Arctique canadien. Ces données permettront éventuellement d’évaluer les impacts de l’augmentation du trafic maritime dans le Nord canadien et dans le passage du Nord-Ouest.
— Anne Corminboeuf
— Jean-Carlos Montero-Serrano
— Richard Saint-Louis