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Une question turlupine les biologistes moléculaires depuis longtemps à propos du code génétique. Comment a-t-il fait son apparition? Quelles sont les étapes qui ont constitué le fil conducteur de son évolution? À part quelques exceptions mineures, ici et là, le code génétique est universel dans le monde du vivant. On pourrait imaginer qu'il soit apparu tel quel, ce qui constituerait un saut évolutif à l'échelle moléculaire. Est-ce bien le cas?

Une équipe parvient toutefois à l'idée qu'il a pu y exister d'autres codes génétiques. Tout autant que pour les espèces, on peut concevoir pour l'ADN et l'ARN, que l'évolution ait pu conduire, étape par étape, ces acides à modifier graduellement leur code pour parvenir à celui que nous connaissons. Dès lors une question se pose inévitablement : comment se fait-il que nous ne retrouvions aujourd'hui qu'un seul code génétique? 

Pour commencer, on peut faire remarquer que s'il a existé un "protocode"génétique (ou même plusieurs), celui-ci ou ceux-ci ont pu coder pour des acides aminés sans que soit codées au départ des protéines. Ensuite, nous pouvons imaginer que ces premières versions du code génétique ont pu coder pour des acides aminés qui n'ont pas été forcément tous ceux que l'on retrouve codés aujourd'hui. Les acides aminés issus du code génétique sont au nombre de 22, mais il en existe plus de 500 dans la nature, de sorte qu'on pourrait imaginer que diverses versions antérieures de code génétique auraient pu en sélectionner d'autres. 

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Où seraient passées alors toutes ces versions si celles-ci ont pu exister? Ont-elles toutes disparu pour ne laisser aucune trace? Il est intéressant de faire un parallèle avec les différentes écritures qui sont, elles aussi, des codes. Quand un système d'écriture cesse d'être utilisé, il peut devenir indéchiffrable. On pense aux hiéroglyphes. À la différence des systèmes d'écriture, un ancien code génétique pourrait cesser d'être utilisé s'il a été inclus ou absorbé par un autre code génétique. Cet ancien code deviendrait son tour indéchiffrable et, s'il y a un endroit dans l'ADN où il se trouverait, c'est dans ce qu'on appelle l'ADN non codant. Cet ADN non codant, présent dans les cellules eucaryotes, occupe une grande place si bien qu'on pourrait imaginer que plus d'une ancienne version de code génétique s'y trouverait incluse. Si c'est le cas, serait-il possible de vérifier cette idée en tentant de réactiver ces codes comme on l'a fait pour le déchiffrement des hiéroglyphes? 

On pourra faire remarquer au passage que cet ADN non codant est structuré différemment avec, entre autres, de nombreuses répétitions dans la suite de nucléotides. On pourrait alors rétorquer que, s'il s'agit d'un ancien code génétique qui n'est plus un usage depuis des centaines de millions d'années, voire plus, alors celui-ci doit être fortement dénaturé au point de ne plus évoquer la structure d'un code. Et, soit dit en passant, nous pouvons imaginer que, dans leur simplicité, les premières versions de code génétique pouvaient possiblement contenir justement de nombreuses répétitions. Peut-être pour assurer une certaine redondance afin de surmonter des erreurs possibles de codage. Malgré tout, si d'anciens codes génétiques se retrouvent dans l'ADN entre les gènes des organismes, il ne sera sans doute pas possible de le vérifier à défaut de pouvoir les réactiver d'une quelconque façon.

 

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