Charles Bolden, l'actuel administrateur de la NASA, répétait au début du mois qu' "un vol habité vers Mars est aujourd'hui l'ultime destination de l'humanité dans notre système solaire et est la priorité de la NASA". Mais quand verra-t-on un astronaute de la NASA sur la planète rouge? "Je pense que nous sommes sur la voie qui nous y conduira dans les années 2030" s'est avancé M. Bolden, malgré l'annonce récente d'une baisse de l'enveloppe budgétaire fédérale dédiée à la NASA (17,7 milliard de dollars pour 2014) [1].
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Deux décennies (au minimum!), cela semble être un futur trop lointain pour plusieurs entreprises privées qui ont le regard bien tourné vers les étoiles. Une entreprise néerlandaise, Mars One, a lancé le projet de coloniser la Planète rouge de manière permanente en 2023 ()! L'objectif de la mission : utiliser les technologies déjà existantes pour expédier en aller simple quatre pionniers sur Mars en 2023, suivis en 2033 par 20 autres personnes pour établir une colonie fondatrice. L'élément clé du projet : tous peuvent s'inscrire! C'est justement sur ce processus que Mars One compte financer ses folles idées. L'entreprise compte téléviser et partager avec le monde entier tout le processus, de la sélection des "astronautes", au voyage vers Mars, ainsi qu'à la vie de pionnier sur une nouvelle planète. Il s'agira peut-être de la première téléréalité spatiale!
Loufoque au premier coup d'oeil, l'équipe Mars One tente de s'entourer de plusieurs spécialistes et de s'approvisionner auprès de fournisseurs sérieux de technologies spatiales comme SpaceX. Jusqu'à maintenant, le projet respecterait le plan budgétaire fixé.
Un voyage sur Mars (surtout s'il s'agit d'un aller-simple) est une épopée remplie de dangers. On a qu'à penser à l'état psychologique des voyageurs. Certaines personnes s'ennuient à passer une journée pluvieuse d'été à l'intérieur. Imaginez maintenant passer 520 jours (c'est approximativement le temps d'un aller-retour Terre-Mars) dans un petit habitacle de 550 mètres cube partagé avec les mêmes cinq colocs jour après jour. C'est une expérience éprouvante qui a été simulée sur Terre avec succès il y a deux ans (). Cependant, une mission permanente sur Mars est un isolement bien plus grand dont il est bien difficile d'imaginer les répercussions psychologiques.
Les effets de la microgravité et des radiations cosmiques sur l'organisme humain ne sont pas encore bien compris et soignés. Dans l'espace, les astronautes sont exposés aux rayonnement cosmique et au vent solaire. Ces radiations peuvent modifier ou briser les molécules d'ADN, ce qui augmente drastiquement les risques de cancer et de stérilité. Après seulement 146 jours en apesanteur aux commandes de la Station spatiale internationale, Chris Hadfield dit se sentir comme un "vieillard". L'apesanteur diminue entre autres la densité osseuse, atrophie les muscles, affaiblit le système immunitaire, altère la régénérescence des vaisseaux sanguins, active les gènes impliqués dans l'arthrite et la croissance des tumeurs [2]. Il est aussi important de rappeler que la gravité martienne est trois fois plus petite que celle sur Terre. À long terme, les futurs Martiens pourraient tout simplement ne pas avoir la force de revenir sur Terre, leur corps s'étant adapté à la faible gravité de leur nouvelle planète.
Est-ce "sécuritaire" d'envoyer de manière si hâtive et permanente des Terriens sur une planète qui semble aussi inhospitalière à la vie? On peut se questionner sur le côté éthique d'une telle mission d'exploration. Il faut cependant garder à l'esprit que des missions risquées ont parfois été de véritables réussites. Pensez à la mission Apollo 11. La premiere mission lunaire aussi semblait bien dangereuse. Imaginez alunir pour la première fois à bord d'un vaisseau ayant moins de puissance de calcul que vos calculatrices modernes. Ce fut pourtant un des plus grands moments de l'humanité.
Mars One est peut-être un projet téméraire, mais est sans contredit ambitieux. Qu'il se réalise ou non, il stimulera certainement le domaine de l'exploration spatiale et surtout notre imagination!
- Laurent Olivier
Références :
[1] [2]