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Le projet de monorail TrensQuébec est avant tout un projet qui flatte l'égo des Québécois avant d'être un projet porteur d'avenir.

Hier soir, j'ai ragé en regardant le reportage de Découverte sur le projet de monorail TrensQuébec. Car voyez-vous, je m'intéresse à ce projet depuis des années et je suis encore resté sur ma faim dans ma quête d'information. En effet, à toutes les fois que l'on pose une question le moindrement techniquement pointue à ce sujet, on se fait répondre des balivernes.

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En fait, le principal objectif technique de ce projet semble être de répondre au besoin de valorisation de l'égo du Québécois moyen. L'illustration la plus claire de cet état de choses est l'utilisation du moteur-roue TM4. Après avoir demandé à plusieurs reprises quel était l'avantage de cette technologie, j'attend encore la réponse. En fait, je connais déjà cette réponse: aucun. Les moteurs conventionnels feraient très bien le travail, comme les autres applications du même type.

Si techniquement, il n'y a pas d'avantages apparents, il est clair que l'avantage politique est énorme. Le fantasme de la technologie propre que aurait révolutionné le monde de l'automobile est encore très présent dans l'imaginaire québécois. Et, bien sûr, si cela n'a pas réussi, on veut se faire croire c'est en raison d'un grand complot des puissants de ce monde. Malheureusement, la réalité est bien plus prosaïque. Le moteur-roue de TM4 est simplement trop lourd, parce que l'on a choisi de le faire surpuissant. Les moteurs-roue plus récents développés par Michelin et Siemens sont moins lourds et moins puissants, mais ne posent pas ce problème.

De plus, ce que personne ne dit c’est que Poly n’a pas regardé le projet à 250km/h, mais le monorail urbain qui roule à 150km/h max. Le défi technique est pas mal moins grand. Les puissances en jeu sont 5 fois moins grandes et les forces trois fois moindres. De plus, le nombre de passagers à l’heure est autrement plus élevé dans un service de proximité, ce qui rend le projet beaucoup plus rentable. Aucune garantie pour le projet Québec-Montréal.

Il faut aussi regarder les alternatives. Avec 3G$ (un chiffre qui provient de l'analyse de coin de table de l'IREC), on peut se payer un très bon train conventionnel entre Québec et Montréal. Ainsi, le train de Via Rail roule de 150-160km/h sur de longues distances. Le problème c’est qu’il est quasiment arrêté sur une bonne partie du parcours. Combien couterait un train électrique Montréal-Québec par la rive nord? C'est moins excitant, mais le risque est bien moins grand.

De plus, du point de vue environnemental, le gain est loin d'être clair. D'une part, d'après mes calculs, on parle d'un strict minimum de 1 million de tonnes de CO2 produit lors de la construction, mais les vrais chiffres sont probablement beaucoup plus élevés (6MtCoe2eq serait plus réaliste. Et, 3G$ pour sortir quelques milliers de voitures des routes, ce n'est pas vraiment le meilleur investissement environnemental possible.

Bref, on fait face clairement à une situation où l'émotion surpasse la raison.

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