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Les chimpanzés sont-ils des personnes ? Depuis quelques années, certains tentent de répondre à la question par la voie des tribunaux. Mais si la solution venait plutôt des neurosciences ?

C’est ce dont ont débattu, outre des neurologues, des éthiciens, des philosophes et — inévitablement — des juristes, lors d’une rencontre de deux jours qui s'est tenue en juin à l’Institut de recherches en sciences cognitives de Philadelphie. « Les neurosciences reconstruisent les frontières conventionnelles entre les créatures », explique au New Scientist l’organisatrice de cette rencontre, Martha Farah, de l’Université de Pennsylvanie.

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Pour l’instant, le débat est purement d’ordre légal : qu’est-ce qui définit une « personne » ? Le Parlement espagnol a choisi en 2008 d'accorder aux grands singes des « droits de la personne limités ». Aux États-Unis, à trois reprises depuis 2013, un groupe militant appelé le Projet pour les droits des non-humains a tenté sa chance devant des tribunaux de trois villes de l’État de New York. Avec des résultats mitigés : dans un cas, une juge a accepté d’entendre la cause de deux chimpanzés « détenus » dans un laboratoire universitaire, ce qui ne veut pas dire que ces chimpanzés aient obtenu un « statut légal ».

L’objectif de ces groupes : si un chimpanzé obtient le statut de « personne », il sera par définition illégal de le maintenir en cage — et encore moins de lui faire subir des expériences médicales ou psychologiques.

Mais, comme le fait remarquer le New Scientist , le mot « personne » n’a pas nécessairement le même sens partout. En Nouvelle-Zélande, après des décennies de luttes d’un groupe autochtone, le fleuve Whanganui a obtenu en 2012 le statut de personne, « de la même façon que les compagnies, ce qui lui donne des droits et des intérêts ». Une mosquée a également obtenu ce statut au Pakistan.

L’intervention des neurosciences dans le débat ne rendra pas la question facile pour autant. Des structures microscopiques du cerveau, comme les neurones en fuseau, qui sont caractéristiques du cerveau humain, commencent à être identifiées chez certains animaux ; mais comme on ne sait pas ce que ces structures nous apportent de particulier, on n’est guère plus avancé pour l’instant. On a aussi commencé à expérimenter chez des souris l’introduction de gènes humains visant à étudier l’évolution, dans leur cerveau, d’une maladie à nous, le Parkinson. À un moment donné, la frontière ne sera-t-elle pas encore plus floue ?

Et la question d'un statut ne s’arrête pas aux grands singes. Comme le rappelait dès 2012 un atelier de l’Association américaine de l’avancement des sciences, si nous accordons un jour des droits « humains » aux chimpanzés et aux gorilles en raison de leurs « capacités cognitives » supérieures, il faudra sérieusement regarder du côté des dauphins, des baleines, des corbeaux et des perroquets, qui démontrent des facultés cognitives tout aussi remarquables.

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