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Comme si le fait d’avoir comme président de la prochaine conférence sur le climat (COP28) un dirigeant pétrolier n’était pas suffisamment controversé, voilà qu’on découvre, en plus, un groupe de faux comptes Twitter créés à seules fins de défendre le sultan et sa « passion pour l’action climatique ».


Ce texte fait partie de notre série sur Les coulisses de la désinformation en science


    Ont par exemple été pointés du doigt par le groupe militant Climate Action Against Disinformation, quatre comptes ayant en commun d’afficher une image de femme blonde générée par l’intelligence artificielle, supposément des militantes environnementales américaines qui défendent bec et ongles la politique pro-climat du sultan Al Jaber, et qui ont été créés à quelques heures d’intervalles, en août 2022.

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    Ces quatre comptes font partie d’un groupe plus large: la première alerte à cet effet a été lancée par l’expert en désinformation Marc Owen Jones, le 2 juin. Au moins une centaine de faux comptes, dont un grand nombre créés en février 2022, sont soupçonnés de faire partie de cette campagne « coordonnée » qui aurait généré jusqu’ici plus de 30 000 tweets.

    Twitter a suspendu quelques-uns de ces comptes après cette première alerte, mais plusieurs ont simplement changé de nom. Certains sont même des comptes « vérifiés » par le crochet bleu (ce qui veut toutefois juste dire qu’ils ont payé un abonnement à Twitter).

    Après avoir été pointé par Marc Owen Jones, le compte suspect d’un individu qui se présentait comme un défenseur des droits humains a changé de nom pour se présenter comme un « amateur de technologies », rapporte le blogue Climate Home News.

    La 28e conférence des Nations unies sur le climat, ou COP28, s’ouvre à la fin-novembre aux Émirats arabes unis (EAU), petit État du Golfe persique. Et le président de la conférence, le sultan Al Jaber, est aussi le président de la principale compagnie pétrolière nationale, Adnoc. Un choix qui a entraîné beaucoup de critiques depuis l’an dernier. L’ancienne présidente de la Convention-cadre des Nations unies sur le climat de 2010 à 2016, Christiana Figueres, a qualifié le mois dernier de « dangereuse » la politique des EAU de mettre l’accent sur la capture de carbone plutôt que sur la sortie du carbone —autrement dit, ne pas viser une élimination des carburants fossiles d’ici 2050 mais viser des technologies (dont l’efficacité reste à démontrer) pour « capturer » le CO2. « D’un point de vue de président de la COP, c’est très dangereux. Je ne vois pas la plupart des pays, et certainement pas les plus vulnérables, être prêts à soutenir un président de la COP sur ça, parce que c’est une menace directe à leur survie. »

    À l’inverse de ces critiques, l’un des faux comptes a plutôt déclaré que l’accueil de la COP28 symbolisait le « rôle de chef de file des EAU dans la lutte contre les changements climatiques ». Dans l’ensemble, les messages de ces comptes relaient des tweets du gouvernement des EAU, ou bien les copient mot pour mot, ou bien défendent ce gouvernement contre les militants environnementaux ou les journalistes qui le critiquent.

    Rien ne permet toutefois d’affirmer qui est derrière ces comptes. Dans un communiqué, un porte-parole de la COP28 s’est dissocié de ces efforts pour « discréditer la COP28 et le processus climatique ». Owen Jones s’est dit pour sa part convaincu qu’il s’agit d’une compagnie de relations publiques travaillant pour le gouvernement des EAU. En fait, on se rappellera que l'automne dernier, la firme de relations publiques engagée par le gouvernement égyptien à l'occasion de la COP27 était un géant américain des relations publiques qui a compté parmi ses clients... des géants du pétrole. 

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