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Une firme américaine de relations publiques qui a eu parmi ses clients les grandes compagnies pétrolières, à l’époque où celles-ci niaient le réchauffement climatique, a été embauchée par le gouvernement égyptien pour les relations publiques de la rencontre annuelle sur le climat, à partir du 6 novembre.

La firme en question, Hill+Knowlton Strategies, est une des plus prestigieuses du monde. Outre des clients comme les pétrolières ExxonMobil, Shell, Chevron et Saudi Aramco, elle a aussi contribué aux relations publiques des grandes compagnies de tabac dès les années 1950. En fait, elle est parmi ces quelques acteurs dont l’influence a été plus tard dénoncée par historiens et journalistes: ces acteurs influents qui ont mis en place la « stratégie du doute », laquelle a consisté à créer l’illusion, pendant des décennies, qu’il subsistait un débat scientifique sur le fait que le tabac augmente le risque de cancer. Une stratégie qui a été ensuite reprise au profit des compagnies pétrolières, pour créer l’illusion d’un débat sur l’influence humaine dans le climat.

La décision d’embaucher cette firme relève du gouvernement égyptien, qui organise la rencontre de cette année (désignée par son acronyme COP27) et non des Nations unies, qui chapeautent ces rencontres annuelles. En fait, le secrétaire général des Nations unies, Antonio Guterres, a dénoncé le mois dernier « la machine des relations publiques qui a engrangé des milliards pour éloigner l’industrie des carburants fossiles des projecteurs ».

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« Tout comme ils l’avaient fait pour l’industrie du tabac des décennies plus tôt, les lobbystes et les façonneurs d’images (spin doctors) ont répandu une désinformation malsaine. »

Mais si l’embauche de Hill+Knowlton a choqué les groupes environnementaux, ce n’est pas seulement à cause de son passé, mais à cause du présent: elle travaille depuis 2016 pour un groupe  créé par 12 des PDG des plus puissantes pétrolières (Oil and Gas Climate Initiative) dont le mandat, ont révélé des études récentes, est de « verdir » l’image de ces compagnies —ce qu’on appelle en anglais le greenwashing. Par ailleurs, à l’instar de quelques-uns de ses homologues internationaux des relations publiques, H+K a aussi travaillé au fil des décennies à redorer l’image de gouvernements autoritaires, voire de dictatures —et l’Égypte ne serait donc pas une première.

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