Dans l'univers scientifique de Jean-Claude Mareschal, professeur au département des sciences de la terre et de l'atmosphère à l'Université du Québec à Montréal (UQAM), ces mesures concrètes sont prélevées dans des forages destinés à mieux comprendre le bilan énergétique de notre planète. Ces données nous permettent d'observer l'influence des changements climatiques récents (10 000 ans) sur la température moyenne près de la surface terrestre.

Ces données conduisent à leur tour à une meilleure compréhension de l'évolution du globe à très long terme. En plus de situer nos ressources, elles guident la réflexion: comment expliquer l'interaction entre la formation de la croûte terrestre et le régime thermique du noyau, comment expliquer la formation de la croûte terrestre, l'influence de la chaleur sur les propriétés des roches et la déformation de l'écorce de la terre.

Les blogues : regarder la réalité en face

Aux yeux de Jean-Claude Mareschal, les blogues serviront à tisser des liens dont la portée déborde bien au-delà du dialogue entre les scientifiques et le grand public. « Les blogues fourniront l'occasion de nous rapprocher des phénomènes affectant notre vie de tous les jours. »

Un rapprochement d'autant plus nécessaire, à l'heure où les perturbations environnementales causées par les changements climatiques se font de plus en plus fréquentes. Les récents ouragans aux États-Unis comme le verglas de 1998 au Québec figurent au rang de ces phénomènes extrêmes qui risquent d'augmenter à cause du réchauffement, poursuit M. Mareschal.

Rien qu'au Québec, observe le professeur, le recul du pergélisol pourrait avoir de graves conséquences pour les régions entourant la baie d'Hudson: l'instabilité accrue des sols risque notamment de fragiliser les infrastructures.

Le réchauffement pourrait aussi avoir un effet sur la pluviométrie et contribuer à maintenir les niveaux d'eau très bas dans les réservoirs d'Hydro-Québec, entraînant des conséquences très sérieuses sur l'énergie utilisée au Québec. « J'ai assisté à une conférence récemment où le climatologue belge André Berger a mentionné que les variations actuelles du climat sont sans précédent dans l'histoire de la Terre », cite le professeur.

Des enjeux aussi préoccupants pour l'avenir devront nécessairement être discutés sur le blogue, soutient le chercheur. « La crise du pétrole ajoute une pression supplémentaire: faire comprendre au public l'existence d'un problème réel. Il n'y aura plus de pétrole dans 50 ans et la consommation augmente, c'est pourquoi le prix continue d'augmenter! Une solution partielle est de réduire notre consommation d'énergie, mais il faudra aussi développer d'autres sources », note-t-il.

La capacité de prédire les tremblements de terre comme celui à l'origine du tsunami représente un défi considérable pour la géophysique, d'après les explications de Jean-Claude Mareschal. « Nous réussissons actuellement à connaître avec justesse la fréquence des éruptions volcaniques et à les prédire. Pour les tsunamis, nous avons les moyens de donner un avertissement avant qu'ils ne frappent. À propos de tremblements de terre, nous restons désarmés. Il reste un espoir d'ici 20 à 30 ans de les prédire quelques heures avant une éventuelle tragédie », affirme-t-il.

par Danny Raymond

Agence Science-Presse

Jean-Claude Mareschal, professeur de géophysique au département des sciences de la terre et de l'atmosphère à l'Université du Québec à Montréal (UQAM) :

- Chercheur associé au Centre de recherche en géochimie et géodynamique, affilié à l'UQAM et à l'Université McGill.

- Membre de la Chaire de recherche en environnement – Hydro-Québec – CRSNG – UQAM

- Chaire UNESCO en Environnement - Changements à l'échelle du globe