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Le dernier scandale en provenance de Chine est celui de la contrefaçon du vin. Il est dit que dans la seule ville de Beijing, on trouve plus de Mouton Rothschild 1982 (une année particulièrement prisée) qu’il en a été produit… en 1982!

L’explosion de super-riches dans ce pays entraîne une demande croissante pour les vins haut de gamme, en particulier les Bordeaux. Récemment, une caisse de Château Lafite 2009 s’est vendue aux enchères pour plus de 60 000 dollars. Fait à remarquer dans cette transaction : la somme versée est trois fois supérieure à celle qui aurait été payée si l’enchère avait eu lieu en Europe. Étant donné que nombre des nouveaux riches chinois ne sont pas particulièrement ferrés en œnologie, les fraudeurs disposent d’une grande marge de manœuvre. Ces derniers adoptent différentes approches, la plus simple consistant tout bonnement à remplacer l’étiquette.

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Récemment, les autorités chinoises ont saisi des milliers de caisses de vin ne contenant pas une seule goutte de jus de raisin! Le vin factice était en fait composé d’eau, de colorants et de saveurs artificielles. Évidemment, les acheteurs qui se procuraient ces vins « haut de gamme » en échange d’environ cinq dollars auraient pu se douter qu’il s’agissait d’une fraude. Une autre approche est de traiter avec des sommeliers de grands restaurants, leur demandant de remplir des bouteilles vides avec du vin bon marché. Il va sans dire que de tels échanges impliquent le versement d’un pot-de-vin (je ne pouvais pas résister).

En consultant eBay, on constate d’emblée qu’il existe un vaste marché pour les bouteilles vides de grands châteaux, où les sommes exigées peuvent atteindre plusieurs centaines de dollars. Pour décourager cette pratique, certains restaurants obligent leurs employés à détruire les bouteilles vides.

En dépit de leurs connaissances, les experts ne sont pas non plus à l’abri des fraudeurs. Vous vous souvenez peut-être de la manchette que j’ai écrite au sujet de la bouteille la plus chère au monde : un Château Lafite 1787 vendu aux enchères en 1985 pour la somme de 156 000 dollars. Cette bouteille aurait soi-disant appartenu à Thomas Jefferson, principal auteur de la Déclaration d’indépendance, troisième président des États-Unis et ambassadeur en France de 1785 à 1789. Une analyse des gravures faite sur le verre d’une bouteille provenant du même lot a mis au jour l’utilisation d’un outil électrique… qui n’avait pas encore été conçu au temps de Jefferson.

Pour pallier cette épidémie de contrefaçons, les producteurs ont développé plusieurs techniques visant à protéger la réputation de leurs vins. Nombre des stratégies employées s’apparentent à celles utilisées dans la production de billets de banque. Parmi ces approches, mentionnons l’impression en relief, la microimpression et l’emploi d’hologrammes. Dans bien des cas, ces systèmes de sécurité sont appliqués sur la capsule qui enrobe le col de la bouteille. Il est beaucoup plus difficile de transférer ces capsules d’une bouteille à l’autre que les étiquettes. Pour un niveau de protection supérieur, l’on ajoute une gravure au laser sur la bouteille; il s’agit d’ailleurs de la technique employée par Château Mouton Rothschild.

La stratégie la plus récente consiste à identifier le vin à l’aide d’une signature par ADN. C’est ce que propose la compagnie apllieddnasciences. Ceux d’entre vous qui souhaitent en apprendre davantage au sujet des différentes techniques sont invités à consulter le www.wineauthentication.com. Comme son nom l’indique, cette compagnie est spécialisée dans l’évaluation de l’authenticité de vins de marque. En premier lieu, je vous suggère de transmettre une photo de l’étiquette du Château Margaux 1982 que vous avez payé vingt-cinq dollars. Pour la modique somme de 250 dollars, l’entreprise vous confirmera s’il s’agit d’un vin d’origine.

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