Pendant que dans les cercles politiques, on débat de l’opportunité d’intervenir au Darfour, des scientifiques s’en mêlent. Le génocide pourrait se chiffrer en centaines de milliers de morts, et non en dizaines de milliers.

John Hagan et Alberto Palloni, respectivement de l’Université Northwestern (Illinois) et de l’Université du Wisconsin, reprochent aux estimations précédentes –dont celle qui a l’aval du gouvernement américain– de ne s’appuyer que sur des recensements faits dans des zones restreintes et sur des périodes de temps trop courtes. Les estimations précédentes, affirment-ils, prennent pour point de départ des taux de mortalité bruts (nombre de décès par 100 personnes par année) et sous-estiment systématiquement les morts violentes survenues avant que les populations n’entrent dans les camps de réfugiés.

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Ce qu’on appelle pudiquement la crise du Darfour a commencé en février 2003. Le Darfour est une région du Soudan, dans l’Est de l’Afrique, qui vit les contrecoups d’une guerre civile qui agite ce pays. Le gouvernement soudanais refuse d’accréditer la thèse du génocide, ce qui rend plus difficile le travail des organismes d’aide humanitaire et des groupes de pression qui voudraient y envoyer des casques bleus. Cela rend carrément impossible le calcul d’un nombre précis de morts causés directement ou indirectement par cette guerre.

Et ce n’est pas tout : la région a été frappée à plusieurs reprises depuis 25 ans par des famines et d’autres conflits armés, faisant éclater les familles et les communautés, rendant illusoire la tâche du statisticien qui voudrait s’appuyer sur des " échantillons représentatifs " de la population.

Le calcul des deux chercheurs américains, paru dans la dernière édition de la revue américaine Science, arrive à une fourchette de 170 000 à 255 000 morts sur une période de 31 mois s’achevant en mai 2006. Et depuis, les massacres n’ont pas cessé...

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