Allez dans une station de service et la question sera toujours la même. Alcool ou «gasolina»? Ici, les véhicules roulent à la canne à sucre. Ou plutôt, à l’éthanol. Il est offert à toutes les pompes. L’essence? Elle contient 25% d’éthanol. En comparaison, le Québec s’est donné comme objectif d’ajouter, dans son essence d’ici 2012, seulement 5% de carburant de provenance bio.
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«Ce succès, le Brésil le doit aux voitures flex-fuel», affirme l’Union de l’industrie de la canne à sucre de São Paulo. Sous le capot: un moteur permettant autant l’usage de l’alcool, de l’essence ou un mélange des deux. Le moteur conventionnel accepte jusqu’à 10% d’éthanol, au-delà de ce pourcentage, on doit le modifier. Mise au point par des ingénieurs de Volkswagen, le moteur flex-fuel se retrouve déjà dans 87,7% des voitures neuves.
Ce n’est pas d’hier que l’alco-essence coule au pays de la samba. En réponse à la crise du pétrole en 1975, on a commencé à la produire dans le cadre du programme Pro-alcool. Il visait à mettre fin à la dépendance du pays envers le pétrole. Cette longue expérience a permis aux chercheurs d’acquérir un bagage de connaissances sur la canne à sucre, ses dérivés et sur le processus de fabrication de ce nouveau carburant.
De là, de nouvelles innovations surgissent. Qu’on pense au premier polyéthylène vert certifié fait à partir d'éthanol de la compagnie Braskem, par exemple. Cette résine unique contient 100% de matières premières renouvelables. On travaille déjà à l’élaboration de propène et polypropène – plastiques utilisés notamment dans l’industrie de pièces automobile.
Des sommes colossales sont aussi investies pour tenter d’extraire de l’éthanol de la cellulose à partir des rejets de canne à sucre à l’aide de la technique enzymatique – qui comme son nom l’indique utilise des enzymes pour aider la cassure des molécules de cellulose. Le Projet Bioéthanol réunit environ 150 chercheurs de 14 universités brésiliennes, en plus de centres de recherche nationaux et étrangers.
L’usage de l’éthanol comme carburant au Québec gagnera-t-il en popularité? Chose certaine, si on veut atteindre la cible de 2012, le maïs ne suffira pas à la demande. On devra utiliser autre chose. La fabrication d’éthanol à partir de la biomasse forestière et agricole, et des déchets urbains semble prometteuse. Le gouvernement Charest a d’ailleurs annoncé le printemps dernier des investissements dans la recherche sur l’éthanol cellulosique en Estrie.