Depuis quelques années, il est de bon ton d’appliquer une touche de vert à toutes les interventions humaines. Le monde des congrès et des colloques n’échappe pas à cette règle. Plusieurs centres des congrès dans le monde se sont dotés de politiques d’achat écoresponsable (achat de produits ayant le moins d’impacts possible sur l’environnement) et d’une politique environnementale pour la gestion de leurs déchets ou le transport. Poussé par le Bureau des normes du Québec et le Regroupement québécois des femmes en environnement, un projet de certification volontaire d’événements écoresponsables pourrait même voir le jour en 2010.

Dans cette mouvance, les événements carboneutres occupent une place importante. Ces événements ont pour objectif de réduire la production de gaz à effet de serre (GES) lors de la tenue d’événements et de compenser par l’achat de crédits de carbone les émissions résiduelles, plus difficiles à réduire.

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C’est que le principal impact des événements est souvent le transport (surtout par avion pour faire venir les congressistes). Pour parvenir à rendre un événement carboneutre, « on procède en trois étapes, affirme Véronique Morin, directrice de projets pour Planétair. On cherche d’abord à identifier et quantifier les sources de GES, ensuite on met en place des actions pour les réduire, par exemple, un transport collectif des congressistes et enfin, on compense les émissions résiduelles par l’achat de crédits de carbone. »

Chez Planétair, ces crédits sont vendus environ 50 $ la tonne de GES émis et l’argent ainsi recueilli est investi dans des projets d’énergie renouvelable dans le tiers monde. Cette formule a permis au Festival de jazz de Montréal de devenir carboneutre en 2008. L’expérience sera répétée en 2009.

Un événement majeur écoresponsable

La 44e Finale des Jeux du Québec, qui se tiendra du 27 février au 7 mars 2009, sera à forte connotation verte. « Lors des jeux précédents, à Sept-Îles, on avait fait une bonne gestion des matières résiduelles, en incluant le compostage, ce qui avait permis de détourner de l'enfouissement 24 tonnes de matières, affirme Anne-Marie Bégin, coordonnatrice de l'écoresponsabilité pour le comité organisateur des Jeux.

Cette fois-ci, on va plus loin en intégrant le concept d'écoresponsabilité. » Cela signifie qu'en plus de faire une gestion écologique des matières résiduelles, le comité encouragera d’autres gestes écologiques comme le covoiturage. « Un concours sera mis sur pied afin d’inciter les 3 500 bénévoles à covoiturer, précise-t-elle. Des véhicules hybrides seront disponibles pour les membres du comité organisateur et de l’information sur le transport en commun sera publiée dans le guide des bénévoles et dans le guide des Jeux.»

Côté résidus, « on mettra l'emphase sur la réduction à la source en utilisant notamment de la vaisselle réutilisable, en encourageant les 3 000 athlètes à amener leurs propres gourdes et en vendant des bocks réutilisables dans le bar des Jeux », annonce la coordonnatrice. Cela représente tout un défi pour un événement de 10 jours qui attirera environ 75 000 personnes, en incluant les spectateurs, les bénévoles, les athlètes et leurs accompagnateurs.

L’événement ne sera cependant pas carboneutre. « Avec 22 sites différents, il aurait été très difficile de comptabiliser toutes les émissions de gaz à effet de serre émis par les camions de livraison et le transport, » déclare Mme Bégin.

Certains organisateurs poussent la mesure plus loin en appliquant la notion d’écoresponsabilité à leurs événements. On tient alors compte des dimensions environnementale et sociale (ex. : achat local, réduction des transports solo, gestion écologique des déchets).

D’autres évacuent la dimension transport en organisant des événements virtuels. Des événements, où le contact personne à personne n’est pas essentiel, se prêtent bien à cela. C’est le cas de la première rencontre virtuelle scientifique de la revue scientifique Nature, organisée récemment, ou du congrès des adeptes du jeu vidéo World of Warcraft.

Ce genre d’événements virtuels n’est pas encore chose courante au Québec. Cependant, cela est appelé à se développer, selon Normand Beauchamp, président de l’important fournisseur d’équipements audiovisuels CEV de Montréal.

C’est que la technologie de la vidéoconférence qui permet leur tenue s’est beaucoup améliorée au fil des années. « Les prix ont baissé, les équipements sont plus puissants et les interfaces sont plus conviviales, affirme-t-il. De plus, cela prend une simple connexion Internet haute vitesse pour se brancher, ce qui en fait un médium peu coûteux à utiliser. » Beaucoup de téléformations se font déjà ainsi, évitant aux gens de se déplacer.

La menace des changements climatiques aidant, peut-être verrons-nous, dans un futur rapproché, un nombre grandissant d’événements virtuels, écoresponsables ou carboneutres? C’est à suivre…

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