Sa taille: cinq fois et demi la Terre, 
                      c'est gros, mais c'est apparemment, selon les astronomes, 
                      juste assez petit pour que cette planète "ne soit 
                      pas" une boule de gaz. La raison: à ce seuil, sa 
                      gravité serait trop faible pour faire tenir ensemble 
                      une telle masse de gaz. Par conséquent, si cette 
                      planète n'est pas une boule de gaz (comme Jupiter), 
                      elle est une boule de roc (comme la Terre). C'est ainsi 
                      que raisonnent les astronomes. 
                    Sa distance: elle est à 21 500 
                      années-lumière de nous. C'est énorme, 
                      si on se rappelle qu'au cours des dernières années, 
                      on a fréquemment détecté des planètes 
                      situées à 10, 20 ou 100 années-lumière. 
                      Logiquement, 
                      si on a pu détecter une "petite" planète aussi 
                      loin, on devrait pouvoir en détecter à 
                      de plus petites distances. 
                    Logique en effet. Alors pourquoi n'en a-t-on 
                      pas détecté plus tôt, de telles "petites" 
                      planètes? Deux raisons. 
                    
                       
                        | Première raison: beaucoup 
                            des planètes géantes détectées 
                            jusqu'ici (un total de 170 depuis dix ans) l'ont été 
                            parce qu'elles sont très près de leur 
                            étoile: tellement près qu'elles accomplissent 
                            une orbite en moins d'un an, voire moins d'un mois. 
                            Résultat, les perturbations (infimes) qu'elles 
                            provoquent sur leur étoile en lui tournant 
                            autour reviennent à des intervalles réguliers 
                            de moins d'un an, voire moins d'un mois. Il faut donc 
                            des observations astronomiques relativement courtes 
                            pour confirmer la présence d'une planète. 
                           En revanche, cette nouvelle planète 
                            tourne autour de son étoile en deux ans: il 
                            aurait donc fallu, en théorie, au moins quatre 
                            ans d'observations (deux passages au même endroit), 
                            et probablement plus encore, pour confirmer que la 
                            perturbation est régulière.  Deuxième raison: la 
                            technique utilisée par les astronomes, cette 
                            fois-ci, est différente. Généralement, 
                            ce sont effectivement les infimes perturbations à 
                            la surface de l'étoile qui trahissent la présence 
                            d'une planète et encore doit-elle être 
                            très grosse. Dans ce cas-ci, ce sont d'infimes 
                            variations de la lumière.  Explication. Une théorie d'Einstein 
                            dit qu'un rayon de lumière peut être 
                            courbé par la présence d'un objet très 
                            lourd (une étoile ou une planète). Et 
                            une technique appelée micro-lentille gravitationnelle 
                            peut en théorie détecter cette infime 
                            courbure si l'objet lourd passe entre l'étoile 
                            et nous. Evidemment, il faut pour cela regarder au 
                            bon endroit au bon moment: c'est 
                            l'équivalent d'un clin d'il cosmique, 
                            pour reprendre l'expression du New York Times. 
                           Seulement trois des 170 planètes 
                            dites "extra-solaires" ont été, depuis 
                            10 ans, détectées par ce truc.  | Pourquoi 
                            s'intéresser aux planètes extra-solaires? 
                             Parce 
                            que cela pose, chaque fois, la question fondamentale: 
                            qui sommes-nous, d'où venons-nous.  Planètes 
                            extra-solaires: des piqûres d'espoir 
                             Mais 
                            cette quête d'autres planètes est aussi 
                            une compétition où ça joue dur 
                            parmi les astronomes Chicane 
                            pour une planète 
                            (octobre 2004)  Une 
                            occasion d'affaires (février 2002)  Et 
                            quelques premières au fil des années "Seulement" 
                            70 fois la Terre (avril 
                            2000)  Première 
                            détection d'une atmosphère (novembre 
                            2001)  Première 
                            détection par la micro-lentille gravitationnelle 
                            (janvier 2003)  Première 
                            photo (mai 2005)  Sept 
                            fois et demi la Terre (juin 2005)  | 
                    
                    C'est que pour y arriver, il faut pouvoir 
                      compter sur un réseau étalé sur toute 
                      la planète, capable de réagir à la 
                      moindre alerte: il faut que la Terre se trouve dans le bon 
                      axe, et il faut que quelqu'un, qui regarde au bon endroit, 
                      alerte les autres. C'est pourquoi l'exploit a été 
                      accompli par une équipe imposante: 73 scientifiques 
                      éparpillés dans 12 pays, dirigés par 
                      Jean-Philippe Beaulieu, de l'Institut d'astrophysique de 
                      Paris. Le 10 août, l'un des membres a remarqué, 
                      sur l'une des étoiles suivies, un "flash" qui était 
                      ce que les chasseurs de planètes espéraient. 
                      Il a lancé l'alerte: les télescopes disponibles 
                      se sont dirigés vers cette étoile. Sept heures 
                      plus tard, le "flash" était terminé. La planète 
                      était passée. 
                    Les résultats sont parus cette semaine 
                      dans la revue britannique Nature. Et ils ouvrent 
                      une nouvelle fenêtre: si on a pu détecter pareil 
                      flash à 21 500 années-lumière, alors 
                      que ce type d'observation internationale ne fait que commencer, 
                      c'est qu'on risque d'en détecter beaucoup plus autour 
                      de beaucoup plus d'étoiles. 
                    Autrement dit: depuis 10 ans, sur les 170 
                      planètes détectées autour d'étoiles 
                      autres que notre Soleil, la quasi-totalité étaient 
                      des planètes géantes comme Jupiter, ou plus 
                      grosses encore. L'ère de la découverte de 
                      planètes plus intéressantes des planètes 
                      rocheuses comme la nôtre vient de commencer. 
                    
                    Ceci dit, compte tenu du temps que cette planète 
                      met à accomplir une orbite (plus de deux ans) et 
                      de la taille de son étoile (cinq fois moindre que 
                      notre Soleil), les astronomes estiment la distance entre 
                      elles deux à 400 millions de kilomètres. C'est 
                      trop loin pour rêver à de la vie (moins 150 
                      degrés Celsius). Mais les astronomes ne rêvent 
                      pas à de la vie: ils rêvent d'ores et déjà 
                      à d'autres clins d'il cosmiques.
                    Pascal Lapointe