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1er novembre 2020: par ce futuriste et humide dimanche matin, vous vous demandez ce qui vous a mérité une telle grippe. Mais vraiment, celle-là, toute une grippe. Enfin... Une grippe, une bronchite ou alors une coqueluche? Un simple rendez-vous au CLSC le plus proche vous indique, grâce à un test quasi instantané d'ADN que vous avez la grippe iguanique: vite à l'hôpital.

Ce scénario vous semble peut-être profondément exagéré. Pourtant, cela fera bientôt 7 ans qu'une équipe de chercheurs de l'Université Laval ont démontré une technique bien proche de cette science-fiction. Leur secret: un colorant particulier qui change de couleur lorsque l'ADN recherché est détecté!

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La pêche à l'ADN

Aujourd'hui, pour détecter la présence d'un virus chez un possible porteur, il faut faire une prise de sang et cultiver ce qu'on en récolte, c'est-à-dire multiplier les virus présents dans le sang afin d'obtenir une quantité suffisante pour que l'on puisse tester la présence de celui-ci, ce qui peut prendre plusieurs jours, coûter cher et parfois prendre trop de temps pour aider le patient.

La stratégie développée par cette équipe permet de simplifier le processus en retournant à la base de la biochimie. Rappelons-nous que l'ADN est normalement constitué de deux brins enroulés en hélices comme des escaliers colimaçons.

Pour tester la présence du virus dans le sang, il suffit donc de se procurer une copie d'un seul brin d’ADN de la grippe ou du virus qui nous intéresse. Cet ADN sera notre hameçon. Il ne reste plus qu'à séparer les hélices d'ADN contenues dans le sang et de vérifier si l’un des brins vient se coller à notre copie. Si oui, nous saurons que le patient porte bien l'ADN recherché (dans notre cas, celui de la grippe iguanique).

Le petit problème est que l'ADN, c'est très petit. Il est donc difficile de savoir quand il y a ou non correspondance.

Ta présence me donne des couleurs

C'est là le coup de génie de l'équipe de Frédéric R. Raymond: celle-ci a trouvé des molécules qui se fixent aux pourtours des hélices d'ADN à la seule condition que chaque composante de l'ADN (ou base) soit appariée correctement et qui changent de couleur une fois en place. Pas besoin d’un séquenceur de génome pour une détection: il suffit d’observer le colorant spécifique au code ADN comparé.

Mais

Malgré cette avancée spectaculaire, il reste un problème à régler: comment permettre la détection du virus à partir d'une seule goutte de sang? Il faut, pour cela se tourner vers l’utilisation de tuyaux plus petits qu'un cheveu. On dépose la goutte de sang, puis des contrôleurs miniatures répartissent le sang à travers de nombreux canaux qui testeront chacun un virus particulier et signaleront, grâce à leur couleur, la nature des infections.

Cette dernière étape est encore en développement, mais les progrès sont rapides.

Marc-André Miron

Nous avons reçu la semaine dernière à La Grande Équation Mario Leclerc, le chercheur ayant découvert ce colorant spécial à base de polymères. Il nous parlait de l'avenir extravagant des polymères: que ce soit dans l'électronique, des vitres changeant de couleurs ou plus intéressant encore (selon moi): des panneaux solaires. Vous trouverez l'entrevue complète à cette adresse.

Ce billet est rendu possible grâce au soutien financier d'Athéna Énergies, commanditaire officiel de La Grande Équation, ainsi que de la Fondation familiale Trottier, du Fonds de recherche du Québec, de la Fondation des chaires de recherche du Canada et de l'Université de Montréal.

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