La grotte de glace bleue sous Nigardsbreen

Rappelons que certaines espèces animales qui se retrouvent forcées de coexister avec d'autres dans un milieu où l'espace est restreint, telle qu'une petite île, voient leur taille diminuer au cours de l'évolution. La raison la plus apparente en serait la limitation des ressources alimentaires. Comment imaginer que ce phénomène puisse exister parmi les formes de vie les plus minuscules qui soient? 

Pourtant des formes de vie ont été observées dans un lac sous-glaciaire, le lac Enigma. Sans grande surprise, ce lac se trouve situé en Antarctique. Un lac sous-glaciaire constitue un écosystème fermé et peut être comparé en quelque sorte à une île. Parmi les micro-organismes qui peuplent cet environnement, une espèce de bactéries dont la taille est significativement plus petite que la plupart de toutes celles qui existent a été découverte suite à un forage ayant atteint le niveau de ce lac sans contaminer les échantillons, précise-t-on. Non seulement ces bactéries sont plus petites, mais leur génome l'est aussi limitant le nombre de processus biochimiques qu'elles peuvent accomplir. Si bien que, dans ce cas-ci, on est en droit de se demander si, plutôt que de parler de nanisme bactérien, on ne devrait pas évoquer la possibilité d'un phénomène de rétroévolution ou évolution à rebours. Autrement dit, certains de ces micro-organismes piégés et emprisonnés dans un lac sous la glace auraient-ils opté pour redevenir des formes de vie plus simples pour rester vivants plutôt que de survivre à l'état de spores? 

Dans ce cas, le parallèle avec le nanisme insulaire dans le monde ne peut être proposé que de façon superficielle, le génome des vertébrés est, de loin, plus complexe qu'un génome bactérien. En outre, chez les vertébrés, on ne doit pas écarter l'ensemble des phénomènes épigénétiques pouvant avoir sans doute un rôle à jouer dans la réduction de la taille d'un animal en fonction de son environnement. Il demeure que la question se pose à la lumière de cette découverte : l’espèce bactérienne en question a-t-elle perdu une partie de son génome ou celle-ci a-t-elle pu être mise « en dormance » ? Dans ce dernier cas, un tel phénomène nous conduirait à envisager l'existence d'un processus épigénétique chez la bactérie, du moins chez cette espèce. De fait, «les bactéries utilisent largement la méthylation post-réplicative de l'ADN pour le contrôle épigénétique des interactions ADN-protéine». Ce qui n'est pas forcément une bonne nouvelle pour toutes les espèces ayant à se prémunir des infections bactériennes, la nôtre y comprise. Malgré tout, les biologistes de l'évolution doivent se poser la question : si le processus de méthylation entre bien en jeu ici, est-il possible que cette portion d'ADN méthylé en vienne à être supprimée si cette méthylation perdure trop longtemps?

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