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«Tous les étudiants en journalisme devraient tenir un blogue. Point.» Non, ce n’est pas une citation de l’Agence Science-Presse, c’est tiré d’un manuel d’initiation au journalisme, et, imaginez, l’auteur n’est même pas journaliste scientifique.

L’importance des blogues est peut-être, qui sait, en train de commencer à être éventuellement, hypothétiquement, prise embryonnairement un petit peu au sérieux dans les écoles de journalisme...

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Bon, je rigole, mais c’est un fait : pour qu’une idée s’impose en journalisme, il faut qu’elle soit pilotée par des journalistes généralistes (s’ils sont journalistes politiques, c’est encore mieux). Or, ça n’empêche pas d’observer que nombre d’innovations des dernières décennies ont d’abord été expérimentées par les journalistes scientifiques : le journalisme de données, la discussion avec des experts par des forums électroniques... et bien sûr, les blogues et réseaux sociaux.

Mark Briggs, le journaliste cité plus haut :

Pour un journaliste professionnel, le blogue permet de développer une communauté de lecteurs ou de spectateurs afin de tester ses idées, de recueillir des commentaires directs et de diffuser des informations au moment le plus opportun. Pour un étudiant en journalisme, tenir un blogue permet d’apprendre à utiliser un nouveau système de gestion de contenu, de trouver un public pour partager son travail d’écriture et de reportage, et d’entretenir une communauté collaborative une fois ce public acquis.

Briggs est un généraliste, mais surtout un promoteur du journalisme numérique. Manuel de journalisme web est son troisième livre. Et le chapitre sur les blogues semble un écho de ce que les journalistes scientifiques, et les vulgarisateurs en général, se font dire depuis des années : en 2012, au congrès Science Online, un des ateliers s’adressait aux aspirants journalistes. Et quel était le premier conseil que leur donnaient la rédactrice en chef de la version en ligne du Scientific American et le directeur de la rubrique science chez Ars Technica? «Bloguez». John Timmer :

Faire un blogue signifie qu’une personne a pris la décision consciente d’écrire, qu’elle a fait ce choix. Alors pourquoi irais-je chercher des recrues ailleurs?

Et à nouveau, Mark Briggs, un passage où se reconnaîtront aussi, j’espère, les scientifiques qui tâtent un peu du blogue :

Dans les années 90, on concevait beaucoup de sites où on faisait primer le style sur la substance. On concevait beaucoup de sites tape-à-l’oeil, mais une fois que vous les aviez visités et vu leurs jolis graphismes, vous aviez peu de raisons d’y revenir. Les blogues ont complètement renversé ce modèle.

Si j’ai parcouru ce chapitre cette semaine, c’est parce que c’est le début de la session universitaire et que je vais inévitablement parler de blogues à mes étudiants en journalisme. Comme l’an dernier, et l’année d’avant, et l’autre avant. J’imagine qu’un jour, on n’aura même plus besoin d’en parler, tant ça relèvera de l’évidence : si vous voulez apprendre à écrire sur la science pour un public plus large, apprendre à communiquer, à vulgariser... Vous connaissez un outil plus facile d’accès et offrant plus de liberté que le blogue, vous?

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Mark Briggs, Manuel de journalisme web , Paris, Eyrolles, 2014 [version originale 2013)

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