Y trouvons-nous dans son histoire, le souffle âcre de nos politiciens? Il est intéressant de scruter l’histoire de cette institution, à peine effleurée aux audiences de la commission Charbonneau. Un évitement survenu bien avant le 7 avril et symptomatique de toutes les autres contorsions de la CEIC.
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Manger sa chemise
Pourquoi revenir là-dessus? Pour examiner le rôle et les responsabilités des élus dans ce bourbier et parce que lors de la quasi-faillite de 1995-96, plusieurs organisations scientifiques ont «mangé» leurs chemises dans l’aventure. Elles ont perdu tous les espoirs qu’elles portaient à ce musée exceptionnel et unique. Certaines ne s’en sont pas remises et peu de temps après, elles ont cessé leurs activités.
Extraits des cahiers de presse
Ce que j’évoque dans ce billet sort tout droit d’articles de journaux, principalement La Presse (LP) et Le Devoir (LD). Il est bien connu que les élus sont quotidiennement attentifs à ce qui se publie sur eux, sur leur ministère et les projets qui les concernent. Chaque matin, ils reçoivent et parcourent le cahier de presse les concernant. Peuvent-ils prétendre ne pas avoir su? Il faut se demander quel rôle et quelles sont les responsabilités qui incombent aux politiciens dans la gestion des argents publics qu’ils accordent?
L’argent du fédéral
(LP) 1993-08-05. Titre: SPAR accuse le maire de Laval (Gilles Vaillancourt) de vouloir manipuler le Camp spatial. Deux membres du CA et employer chez SPAR signent un document où il est écrit: «Nous avons découvert que beaucoup de contrats d’architectures et de constructions ont été accordés à des firmes de Laval dans le seul but de gonfler les coûts et d’injecter de l’argent dans la caisse électorale du maire» Lise Bacon est vice-première ministre et députée de Chomedey. Qu’a-t-elle fait? À cette époque Jean Charest est ministre responsable du développement régional à Ottawa (partenaire financier majeur). Qu’a-t-il fait?
Québec tourne la tête
(LD) 1993-09-08. Les deux coprésidents de l’entente auxiliaire fédérale-provinciale dénoncent «qu’à maintes reprises, au cours des derniers mois, le cabinet du maire de Laval… passait des commandes pour la nomination des professionnels pour la planification et construction du complexe». Claude Ryan est alors ministre des Affaires municipales. Qu’a-t-il fait? Son bureau a fait savoir au journaliste du Devoir, à l’époque, qu’aucune demande d’enquête n’a été déposée à la Commission municipale du Québec sur le comportement des autorités politiques de Laval.
Les dépenses décollent, en flèche
(LP) 1993-11-18 Le budget de construction du Cosmodôme passe de 28,4 millions à 32,7 millions. [par comparaison le Planétarium est passé de 31 millions (2005) à 48 millions en 2012.].
Un exemple à suivre?
(Journal de Montréal) 1994-09-26 Le Cosmodôme ouvre ses portes. Jean Chrétien, alors premier ministre du Canada, prend la parole lors de l’inauguration. Il souhaite que le «Cosmodôme serve d’exemple» (!!!).
Mission en perdition
(LP) 1995-12-18 Première page. Titre: Le Cosmodôme s’engouffre. La direction est assurée par un comité de cinq personnes. Une des personnes est une organisatrice politique du maire, l’autre un consultant mandaté par le maire. La ville de Laval présente un plan de sauvetage du Cosmodôme de 13 millions de dollars. Le ministre responsable du développement régional (Québec) est Guy Chevrette. David Cliche, délégué régional de Laval et député de Vimont dénonce: «la Ville demande de l’argent et refuse d’ouvrir ses livres». Il semble bien être le seul à ne pas avoir fermé les yeux.
On fait le vide
(LP) 1996-02-24 Mise à pied en décembre de la directrice générale et de 16 des 38 employés. Situation litigieuse sur des indemnités non versées.
Mainmise
(LP) 1998-05-16 Titre: Laval prend possession du Cosmodôme. Le maire Vaillancourt procède par un coup de force pour faire entériner sa mainmise sur le Cosmodôme par le Conseil municipal (il y a à cette époque une opposition au Conseil, habilement muselée).
Arrêtons là, la cour est pleine
Inutile de poursuivre cette rétrospective cafardeuse. On pourrait évoquer l’époque où le Cosmodôme appartenait au comté de la ministre de l’Éducation (Michèle Courchesne) et des opérations politico-financières de «mise à niveau» du musée.
Des questions à se poser
Les installations de culture scientifique doivent jouer un rôle primordial dans la diffusion de la science. Quel a été et est celui du Cosmodôme? Comment empêcher que des organisations à caractère scientifique deviennent des repaires de forbans et que gravitent aux alentours de sombres magouilleurs?
Quand le ciel cessera-t-il de tomber sur la tête du… Cosmodôme?
