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Comment chanter la physique quantique? A capella, vous répondrait Tim Blais. Sur sa chaine YouTube A Capella Science, ce jeune Montréalais met en scène, de manière factuellement exacte Pluton, les trous noirs ou le boson de Higgs.

 

Ce projet fou a débuté en 2012 alors que Tim Blais finalisait sa maitrise en physique théorique des hautes énergies à l’Université McGill. Musicien et chanteur a capella accompli, il cherchait une manière de se démarquer : « J’y pensais quand je travaillais dans mon bureau au département de physique, entouré de plein de matériel de physique, et c’est devenu logique d’un coup. »

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Son premier opus, Rolling in the Higgs, vulgarise la découverte du boson de Higgs au Grand collisionneur de hadrons (LHC) du CERN à Genève. Sorti à l’été 2012, dans la foulée de la découverte en question, il a rapidement eu un succès d’estime, récoltant aujourd’hui plus de 719 000 vues. Il s’agit aussi de la reprise de la chanson à succès d’Adele, Rolling in the Deep.

Pour créer un clip d’A capella science, il lui faut d’abord un ver d’oreille. « Souvent, j’ai une chanson en tête, parfois très longtemps, confie Tim Blais. Puis d’un coup, mon cerveau voit le sujet qui lui convient. L’inspiration est un truc bizarre. » Il arrive aussi que ce soit l’inverse, comme pour le projet du musicien A Whole New Worldinspiré du dessin animé Aladdin de Disney, mettant en vedette les exoplanètes. « C’est exactement de cela que ça parle! »

À la fin de sa maitrise, et après avoir réalisé Bohemian Gravity (2,6 millions de vues), Tim Blais décide de s’octroyer une année sabbatique et de se consacrer à son art. Un pari risqué, mais qui reçoit un soutien inattendu en novembre dernier lorsque le jeune homme se fait voler son ordinateur. Privé de son outil de travail, le musicien lance une campagne de financement sur IndieGoGo. Au lieu des 1 200 $ espérés, il reçoit 11 717 $. « C’est là que j’ai réalisé que mon projet comptait pour beaucoup d’autres personnes. Ça m’a vraiment encouragé. »

Les sujets traités par A Capella Science sont ardus : boson de Higgs, théorie des cordes, ondes gravitationnelles. Ils touchent les physiciens, les astronomes, les chimistes. Mais très vite, grâce à l’exquise synthèse de théories complexes en une mélodie entrainante, le public se diversifie. Des enseignants utilisent la chaine comme outil d’apprentissage des sciences. Des néophytes n’hésitent pas à poser des questions dans le fil de commentaires. Tim Blais devient un visage, un ami, un « chum » un peu « nerd » qui écrit de la belle musique. Il brise les stéréotypes.

Le physimusicien apprécie ces interactions : elles le font grandir. À ses yeux, YouTube est un lieu d’échange et d’apprentissage. Il regarde ce que les autres font et s’en inspire. Pour s’en convaincre, il suffit de regarder l’évolution, en trois petites années, des clips d’A Capella Science. Au fil du temps, des images didactiques sont venues appuyer les voix. Leur contenu aide le spectateur à assimiler l’information, souvent dense, de la chanson.

Tim Blais est tombé dans la communication scientifique par accident; il l’avoue lui-même. Mais il ne compte pas s’arrêter en si bon chemin : le champ des possibles scientifiques est infini. Surtout lorsqu’on est, comme lui, armé de créativité et de rigueur.

Pour soutenir Tim Blais et A Capella Science sur Patreon : https://www.patreon.com/acapellascience.

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Cet article a d'abord été publié sur le blogue Brïte Sciences et sur le site de l'Association des communicateurs scientifiques du Québec.

 

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