Pendant des décennies, les médecins ont cru que les femmes ne pouvaient pas souffrir de dépression durant leur grossesse, qu’elles étaient à l’abri de tels symptômes grâce aux hormones. Ce mythe était appuyé par une croyance populaire voulant que toute femme soit heureuse de donner la vie. «Le mythe de la grossesse joyeuse prétend que les femmes sont protégées de la dépression durant leur grossesse», explique Veronica O’Keane, psychiatre à l’Institut de psychiatrie du King’s College, à Londres, en Angleterre. «C’est faux. Si on regarde les faits de manière scientifique, plusieurs femmes enceintes souffrent de dépression. Mais c’est un sujet encore tabou.»
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Ce mythe persiste parce que la plupart des femmes ne consultent pas leur médecin pour des problèmes dépressifs avant de mettre au monde leur enfant. Après l’accouchement, le stress de s’occuper d’un nouveau-né allié aux symptômes dépressifs devient accablant. La dépression post-partum affecte une femme sur six tandis que la a dépression durant la grossesse touche une femme sur 10. Elle est encore souvent mal diagnostiquée si bien que plusieurs femmes ignorent qu’elles en souffrent.
Les changements hormonaux qui surviennent durant la grossesse rendent les femmes plus vulnérables à la dépression clinique. Ces changements peuvent aussi affecter la santé du bébé. Durant la grossesse, le taux d’hormones de stress, le cortisol et la corticotropine augmentent régulièrement. Des taux élevés de ces hormones sont nécessaires pour le développement normal du foetus mais elles peuvent malheureusement entraîner des symptômes dépressifs chez la mère. Des études scientifiques ont démontré que la dépression de la femme enceinte pouvait provoquer des naissances prématurées et entraîner des réponses anormales au stress chez l’enfant à naître. «C’est une façon de transmettre la dépression d’une génération à l’autre autrement que par l’héritage génétique», explique Dr O’Keane.
Dr. O’Keane croit que les médecins devraient être plus attentifs aux symptômes dépressifs des femmes durant leur grossesse et que celles qui prennent des médicaments antidépresseurs ne devraient pas automatiquement les arrêter lorsqu’elles désirent concevoir un enfant. «Elles devraient consulter un spécialiste pour les aider à choisir le meilleur traitement », souligne la psychiatre. «Plusieurs milliers de naissances prématurées pourraient être évitées si les femmes enceintes souffrant de dépression clinique recevaient des traitements adéquats,» ajoute Dr O’Keane.
Cette opinion ne fait pas l’unanimité parmi les psychiatres. Certains estiment que les antidépresseurs sont risqués pour la santé du bébé particulièrement au cours des 12 premières semaines de grossesse.