Abonnez-vous à notre infolettre!
Pour ne rien rater de l'actualité scientifique et tout savoir sur nos efforts pour lutter contre les fausses nouvelles et la désinformation!
Notre physicienne-blogueuse parle en connaissance de cause. Avant d'emprunter la voie du journalisme scientifique où elle a fait ses premières armes en écrivant pour Découvrir (la revue de l'Association francophone pour le savoir, ACFAS), Sophie Lapointe a étudié la physique à l'Université de Montréal où elle s'est spécialisée dans les couches minces, les matières condensées et les points quantiques (le sujet de sa maîtrise). Elle a également travaillé dans le domaine des communications comme chercheuse en participant à la mise sur pieds de réseaux de dragg. Puis, elle est retournée sur les bancs d'école où elle a entrepris un doctorat en nanotechnologies en travaillant avec des lasers femtosecondes.
Et pourtant, l'amoureuse des sciences en elle commençait à éprouver quelques insatisfactions.
Les nanotechnologies sont une des branches sexy de la physique, mais il ne faut pas se leurrer, insiste-t-elle. «En réalité quand on est chercheur, on travaille sur des choses très précises et rarement sur l'aspect général. En physique, il y a un pullulement incroyable de chercheurs. Donc chacun doit prendre sa petite pointe de tarte. » C'est un peu pour cette raison qu'elle a arrêté de faire de la recherche. « J'étais prête à laisser tomber toutes les autres sciences pour la physique. Mais si je devais laisser tomber 90% de la physique pour me concentrer sur mon petit pourcentage à moi... »
Cette insatisfaction fut le moteur de son virage vers le journalisme. « En regardant tout ce que j'avais fait, je me suis rendue compte que l'aspect que je préférais c'était le moment où je devais m'asseoir et expliquer à quelqu'un de non-scientifique le résultat de mes recherches. » Comme ce fut le cas lorsqu'elle a été conseillère scientifique dans une... banque! Les chemins où peuvent mener la physique sont parfois surprenants !
L'aventure de SCIENCE, ON BLOGUE! saura sans doute étancher un peu la soif de vulgarisation de Sophie Lapointe qui a envie de ramener l'image que le grand public a de la physique à un niveau plus réaliste « Je ne demande pas aux deux tiers des gens de savoir ce qu'est la physique quantique, je veux juste ramener la physique à quelque chose de plus accessible » : une science faite par des gens qui s'intéressent à la matière pour expliquer et comprendre le monde qui les entoure.
« La science pour moi ce n'est pas juste les fioles, les béchers, les sarraus... La science, c'est comprendre ce qui nous entoure, tout ce qui nous entoure, qu'on le voit ou qu'on ne le voit pas. Qu'on le perçoive ou qu'on ne le perçoive pas. »
Quand on lui demande comment elle entrevoit la contribution des internautes sur ce blogue, Sophie Lapointe répond sans hésitation : « après des années en physique, il y a des questions qu'on ne se pose plus depuis longtemps. On finit par croire que tout le monde a compris ça. Les internautes vont nous ramener à la réalité. »
Elle perçoit également sa contribution comme un travail de démystification. En comparaison avec d'autres sciences comme la biologie ou la génétique, la plupart des gens semblent dépassés quand il est question de physique. Pourtant, « c'est pas forcément plus compliqué. » Mais comme la physique n'a pas d'application humaine directe, elle apparaît souvent comme inaccessible au commun des mortels.
Pourtant, même si son influence est moins palpable, la physique a autant, sinon plus d'impact sur nos vies que les autres sciences. « C'est la base. Les grandes découvertes en physique changent toutes les autres sciences. »
La physique a également son importance dans la façon dont nous concevons et comprenons le monde. « Un vrai bon physicien est un peu philosophe. On en a tellement vu, on sait que c'est tellement gros, bien orchestré mais qu'il en reste tellement à comprendre et qu'on est minuscule dans tout ça qu'on a pas le choix de devenir très humble. Il suffit d'un changement dans une constante, la constante gravitationnelle par exemple, et l'univers n'existe pas de la façon dont on le connaît. »
La physique ne concerne donc pas qu'une poignée de scientifiques enfermés dans leur labo, bien au contraire. « Ce qui est difficile avec la physique, c'est de lui mettre des bornes, parce qu'elle touche à tout. Dès qu'il y a de la matière, il y a de la physique et comme il y a tout le temps de la matière et rarement du vide... »
par Delphine Naum