
La technologie des vaccins à ARN, qui a contribué à la lutte au coronavirus, progresse aussi sur le front du sida. Pour la première fois, des chercheurs sont parvenus, en laboratoire, à faire sortir de sa cachette le virus responsable du sida, étape cruciale pour, en théorie, l’éliminer complètement.
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C’est que la plus grande difficulté dans la lutte contre le sida a toujours été que le virus, ou VIH, parvient à se dissimuler au sein de certaines de nos cellules, les globules blancs. Même avec les traitements pourtant efficaces depuis deux décennies, il semble qu’il subsiste toujours une « réserve » cachée de virus capable d’être réactivée.
Or, ce qu’annonce une équipe dirigée par quatre chercheurs en maladies infectieuses de l’Université de Melbourne, Australie, dans une étude publiée le 29 mai dans la revue Nature Communications, c’est d’avoir « trompé » le VIH. L’astuce consiste à insérer de l’ARN messager —cette molécule qui a pour fonction de « livrer » des messages à nos cellules— à l’intérieur des cellules où se dissimule le virus. L’ARNm, qui est pour cela incorporé dans des bulles de gras, arrive avec l’instruction, destinée à la cellule, de révéler la présence du virus.
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La recherche n’a été menée que sur des cellules en éprouvette (in vitro), qui ont été données par des patients séropositifs. Mais si cette recherche fait parler d’elle chez les experts depuis, c’est parce qu’elle brise pour la première fois un tabou: depuis plus de deux décennies, la communauté médicale prenait pour acquis qu’il s’agissait d’un virus dont il était impossible de se débarrasser entièrement —d’où le fait qu’une personne séropositive doive prendre les médicaments dits « antirétroviraux » toute sa vie.
La prochaine étape sera de vérifier comment réagit le système immunitaire à ce virus qui, littéralement, sort de sa cachette: est-ce suffisant pour activer le système immunitaire contre l’intrus. Le tout devra être testé sur des animaux et il pourrait s’écouler des années avant que cet éventuel traitement arrive sur le marché. Mais pour les observateurs de la lutte au VIH, commente dans The Guardian une des co-auteures de la recherche, la Dr Paula Cevaal, « c’est, de loin, la meilleure chose que nous ayons jamais vue ».
Bien que les vaccins à ARN ne soient devenus connus du grand public qu’avec la pandémie de COVID, c’est une technologie qui a fait l’objet d’un nombre de plus en plus élevé de recherches depuis 20 ans. Leur succès face au coronavirus a ouvert la porte plus récemment à des tests contre la malaria et la grippe, et même contre certains types de cancers. Le sida était ciblé par certains de ces chercheurs avant même la pandémie. En parallèle, les attaques dont ces vaccins font l’objet dans les mouvements complotistes, et jusqu’au sein du nouveau gouvernement américain, laissent présager que les investissements vont se déplacer vers l’Europe ou l’Asie.