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Le courriel est-il en train de supplanter la lettre ? On pourrait être tenté de le croire en observant nos pratiques quotidiennes. Tantôt nous envoyons un courriel à un ami. Tantôt une lettre d’affaire. Rarement humectons-nous une enveloppe ou un timbre !

L’ère du courriel

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Le courriel s’est généralisé à la fin des années 1990. Plusieurs spécialistes ont alors fait des pronostics sur la disparition de la lettre. Ils ont avancé l’argument de la vitesse d’expédition. La lettre ne prend-elle pas plusieurs jours à rejoindre son destinataire ? Le courriel, lui, prend au plus quelques minutes. Les correspondants choisiront le courriel. Bien plus pratique !

D’autres analystes ont avancé une raison économique. Le prix d’un timbre ne cesse d’augmenter d’une année à l’autre. Par comparaison, un courriel ne coûte pas un sou. On peut en envoyer comme bon nous semble. Pas de limite. La lettre, dans ces conditions, se devait de disparaître. Plus tôt que tard…

Quelques années plus tard, les conditions étaient réunies pour vérifier la prédiction. Le volume des lettres pique du nez ! On observe un changement net au début des années 2000. Tous les opérateurs postaux d’Amérique du Nord et de l’Europe vivent la même situation. Pendant ce temps, le volume des courriels augmente à grande vitesse.

On met en parallèle les deux phénomènes. Ça y est ! Nous sommes entrés dans l’ère du courriel. D’aucuns affirment qu’il y a un phénomène de substitution technologique. C’est comme le passage du disque vinyle au disque numérique. Autrement dit, c’est le même contenu mais sur un support différent.

Rangez vos plumes dans leurs écrins et archivez vos lettres dans une boîte. Vous raconterez aux générations futures comment c’était autrefois que de souhaiter bon anniversaire et d’écrire je t’aime. Faites de même avec vos cartes postales !

Des pourriels et des publicités postales

C’est sans compter sur des faits plus terre-à-terre ! Si le nombre de courriels s’envole, c’est à cause des escrocs financiers, des vendeurs de charme et des créateurs de virus. Un à deux courriels sur dix est valide. Les pourriels constituent le gros du volume. Ils finissent à la corbeille. Les gens ne se sont donc pas mis à écrire frénétiquement des courriels au début des années 2000.

Qu’est-il alors arrivé à la courbe des lettres ? Elle a fléchi en suivant les variations de l’économie. Elle dépend fortement des entreprises privées qui envoient plus de quatre lettres sur cinq. Ces lettres sont surtout des publicités postales ciblées vers des consommateurs types ou des envois postaux massifs sans adresse. Quand le niveau d’activité économique a repris, le volume des lettres a continué sa lente croissance historique. Publicité oblige.

La lettre avait déjà subi une concurrence plus vive par le passé. Après la Seconde Guerre mondiale, les lignes téléphoniques se multiplièrent dans les foyers. Et quand la tarification téléphonique interurbaine diminua, les gens préférèrent le téléphone à la lettre pour placoter un brin ou brasser des affaires. Le phénomène se stabilisa vers les années 1980.

Les spécialistes parlent de complémentarité du courriel à ce qu’est devenue la lettre depuis ce temps. C’est-à-dire qu’il ajoute un moyen de communication supplémentaire. Fait particulier, plusieurs personnes substituent le courriel au téléphone. Au lieu de payer des frais de communication téléphonique, ils rédigent de longues missives à leur correspondant. D’autres s’en servent quand ils n’obtiennent pas de réponse au téléphone.

Envoyer une carte postale

Entretemps, on s’est rendu compte que le courriel n’était pas si gratuit qu’on le laissait entendre. Des études comptables ont estimé son coût à plus de cinq cent dollars par employé par année. Il faut compter les coûts des ordinateurs, des logiciels de courrier, des filtres anti-virus, de l’abonnement internet, etc. Ces coûts ne sont pas apparents chaque fois que l’usager presse d'un coup la touche « envoyer ».

On s’est aussi rendu compte que la vitesse n’avait pas d’importance. Si la communication est hautement officielle, elle tend alors à passer par la poste. Deux personnes sur trois préfèrent recevoir les factures et les relevés de compte par la poste. La correspondance des gouvernements aux citoyens continue de passer par la poste. Cela n’empêche pas, par la suite, de payer ses comptes sur internet.

Le niveau d’affectivité joue pour beaucoup dans la correspondance personnelle. Depuis plus d’une trentaine d’années déjà, le gros du courrier postal est fait de lettres à l’occasion d’anniversaires officiels ou de faire-part à des occasions spéciales, tandis que le reste, ce sont des cartes postales envoyées d’où l’on se trouve dans le monde, et sur lesquelles on écrit, parfois, « Bons baisers d’Amsterdam ! »

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