Selon une récente étude, des traitements plus efficaces pour soulager les symptômes de l’endométriose pourraient bientôt voir le jour. Il n'existe actuellement pas de cure pour cette maladie gynécologique qui touche une femme sur dix et cause de très fortes douleurs voire l’infertilité chez 40 % des patientes.
Par Pascaline David
200 millions. C’est le nombre de femmes dans le monde atteintes d’endométriose, une maladie liée à la présence d’un invité indésirable à l’extérieur de l’utérus et dans les organes voisins : l’endomètre. Ce tissu, dont la désagrégation est responsable du saignement menstruel communément appelé « les règles », tapisse habituellement la paroi interne de l’utérus. Lorsque le tissu n’est pas à sa place, cela peut entraîner la formation de kystes qui provoquent de très fortes douleurs.
C’est la mutation d’une partie d’un gène, dénommé ARID1A, qui cause les formes les plus sévères et douloureuses de l’endométriose. La modification de ce gène est déclenchée par des super-amplificateurs, des morceaux d’ADN qui n’ont de super que le nom : ce sont eux qui permettent aux cellules de l’endomètre de se multiplier à l'extérieur de l'utérus.
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Des chercheurs de l’Université d’État du Michigan ont donc décidé de s’attaquer à ces morceaux d’ADN déficients. Leur méthode ? Ils ont testé un médicament dit « épigénétique », qui contrôle la manière dont les gènes sont exprimés pour compenser la mutation d’ARID1A. Les résultats démontrent que le médicament en question a permis de supprimer les super-amplificateurs en ciblant leur « mère », la protéine P300.
Des traitements potentiels
« Cette découverte pourrait conduire à de meilleurs traitements pour les femmes souffrant de formes sévères d'endométriose », a expliqué Mike Wilson, le chercheur principal de l’étude, par voie de communiqué. Le même type de médicament pourrait également être utilisé pour traiter d'autres formes moins sévères de la maladie.
Actuellement, il n’existe pas de cure pour guérir l’endométriose et les traitements existants ne sont pas toujours efficaces. Cela inclut la prise d’Ibuprofène, qui peut soulager temporairement les douleurs ou bien les thérapies hormonales dont les effets secondaires ressemblent aux symptômes de la ménopause. La chirurgie est également une option, mais n’empêche pas la récidive.
Bien que ses résultats soient encourageants, l’étude ne mentionne que très peu de détails sur la molécule utilisée. Patience, donc, car ce type de médicament pourrait être efficace seulement en complément d’autres techniques. Mike Wilson et son équipe ont indiqué qu’ils réaliseront bientôt des études de suivi pour trouver d'autres médicaments capables de cibler la protéine P300.
Les mécanismes épigénétiques intéressent de plus en plus de chercheurs, car ils seraient aussi liés à l’apparition du cancer. Les lésions d’endométriose peuvent d’ailleurs être qualifiées de "métastases bénignes".
Ce qu'il faut savoir sur l'endométriose
Des études récentes confirment que l’endométriose peut avoir de graves conséquences sur la santé physique et la qualité de vie des femmes qui en souffrent, autant dans la sphère privée que professionnelle.
Les symptômes les plus fréquents impliquent des douleurs progressives durant les menstruations au niveau des jambes ou dans le bas du dos, des douleurs pelviennes en dehors du cycle menstruel ou durant les relations sexuelles, des kystes ovariens, des brûlures urinaires, des troubles digestifs, de la fatigue chronique ou encore des fluctuations de l’humeur. La liste est longue, et elle n’est pas terminée : l’endométriose peut aussi causer l’infertilité chez 40% des femmes.
Un autre élément problématique est le diagnostic très tardif de la maladie qui peut prendre de sept à neuf ans. Selon The Endometriosis Network, les femmes atteintes voient, en moyenne, cinq à sept médecins avant de pouvoir mettre un nom sur leurs souffrances.
L’endométriose peut aussi concerner les hommes trans, les personnes intersexes, agenres ou à l’identité de genre non binaire selon Endométriose Québec, organisme bénévole de soutien.