Parmi les nouveaux usages des outils numériques, l’utilisation des sources de diffusion de vidéo en direct offre aujourd’hui de nouvelles façons de penser la vulgarisation littéraire, mais aussi de l’interroger.
La littérature, tout comme son étude, demande un contact direct avec les textes : un contact qui passe généralement par la lecture. Si cette activité a longtemps été une pratique solitaire ou familiale, comme la décrit Marielle Macé[1], certaines œuvres font l’objet de présentations et d’explications en groupe, en classe notamment.
La lecture depuis un livre papier est apprise dès l’école primaire, et globalement, tout le monde sait comment fonctionne un livre et de quelle manière les pages doivent être tournées. Toutefois, la littérature numérique diversifie les formes littéraires, et place le lecteur et la lectrice face à des contraintes nouvelles et souvent inhabituelles dans un cadre esthétique. Les manipulations attendues sont habituellement des gestes déjà usuels dans d’autres contextes, notamment professionnels ou informatifs. Rendre ces textes accessibles demande alors des médiations particulières, permettant d’appréhender les formes proposées. De plus, pour des bibliothécaires, des médiateurs primaires, des membres du personnel enseignant ou des personnes œuvrant dans le domaine culturel, ces découvertes et ces apprentissages peuvent prendre un temps non négligeable, ce qui retarde encore la diffusion de ces œuvres littéraires contemporaines auprès du grand public.
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Ces dernières années, les plateformes de diffusion en direct se sont multipliées, comme YouTube ou Twitch. Les réseaux sociaux comme Facebook ou Instagram se sont également approprié ces possibilités de diffusion en direct, qui permettent de partager des vidéos de façon immédiate et d’interagir avec les différents auditoires de ces diffusions. Si ces plateformes ont tout d’abord été employées pour partager des expériences vidéoludiques, leur usage universitaire s’est fortement popularisé pendant la pandémie : depuis 2020, le Laboratoire d’études vidéoludique de Liège[2]partage des conférences et des analyses d’œuvres en direct, tandis que depuis 2021, la chaîne Twitch de la Chaire de recherche du Canada sur les écritures numériques[3] offre la possibilité de découvrir des œuvres littéraires et des outils de création numérique. Donner accès aux œuvres qui peuvent demander des supports de lecture coûteux ou complexes à manipuler apparaît comme essentiel pour faire circuler l’information, mais également pour aider la vulgarisation des formes esthétiques. De même, cet accompagnement de la découverte est souvent important pour introduire un nouveau champ de connaissances ; en effet, les œuvres multimédiatiques ou demandant des manipulations particulières nécessitent des démonstrations pour être comprises. Aussi, les formes de la diffusion en direct répondent particulièrement bien à ces enjeux, rendant possible de montrer en même temps plusieurs points de vue : l’œuvre elle-même, mais aussi la personne la manipulant et la commentant, le plus souvent.
Ainsi, la vidéo est un support très attractif et de plus en plus utilisé pour vulgariser la connaissance, proposer des explications en direct et surtout, offrir la capacité de répondre directement aux questions d’une auditoire, ce qui aide à la bonne compréhension des œuvres et des concepts invoqués.