En évoquant la possibilité que les États-Unis effectuent des essais de leurs armes nucléaires pour la première fois en trois décennies, le président Donald Trump a prétendu que la Russie et la Chine le faisaient, « mais n’en parlent pas ». Or, la technologie permet depuis longtemps de détecter de tels tests, même s’ils sont souterrains.
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Le dernier à l’avoir fait est la Corée du Nord, entre 2006 et 2017. Ses explosions nucléaires souterraines, au site de Punggye-ri, ont été détectées par une combinaison de deux signaux: une mini-secousse sismique et une fuite d’isotopes radioactifs.
Et ce n’est pas par accident qu’on a détecté ces signaux : il existe depuis des décennies un réseau international dévolu spécialement à la détection d’essais nucléaires, soit par l’écoute des ondes sismiques, soit par l’hydroacoustique (l’écoute des ondes sonores dans l’eau). Le tout, dans l’hypothèse où un pays déciderait de faire un tel essai en secret, sous terre ou dans l’océan. L’explosion générerait un signal qui, en supposant qu’il soit d'abord confondu avec celui d’un séisme naturel, serait rapidement confirmé par la détection des éléments radioactifs, transportés par le vent.
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Il existe depuis 1963 un traité d’interdiction des tests nucléaires dans l’atmosphère. Les États-Unis, l’Union soviétique et la France ont mis une dizaine d’années à mettre fin à de tels tests.
Et il existe depuis 1996 un traité d’interdiction complète des essais nucléaires (Comprehensive Nuclear-Test Ban Treaty). Ni les États-Unis ni la Chine n’ont ratifié ce traité. Et la Russie s’en est retirée en 2023. Mais le moratoire tient tout de même le coup: les États-Unis et l’Union soviétique en avaient convenu dès 1991-92, et la Chine a procédé à ses deux derniers essais nucléaires en 1996. Depuis, aucune des puissances nucléaires n’a été accusée d’avoir procédé à des tests « en secret », en raison de ce réseau de détection.
Interrogé récemment par le magazine Science News, l’expert en surveillance des essais nucléaires Thorne Lay, sismologue à l’Université de Californie, évalue que la plus petite secousse qu’on serait capable de détecter, où que ce soit dans le monde, serait de l’ordre de 4 à l’échelle de Richter. C’est l’équivalent d’un tremblement de terre mineur mais surtout, c’est l’équivalent d’une bombe de 1 kilotonne, ou 1000 tonnes de TNT: un quinzième de la bombe larguée sur Hiroshima en 1945.
Et encore, c’est en supposant que cette explosion ait lieu dans un endroit inattendu: or, depuis des décennies, les endroits connus pour servir à d’éventuels essais nucléaires sont connus et observés avec une plus grande attention.





