Un problème lourd de conséquences
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Il semblerait que le fils d’Ada ne soit pas un cas isolé. Au Canada, ces médicaments sur ordonnance sont les substances les plus consommées par les adolescents après le tabac, l’alcool et le cannabis. Pourtant, des études dénoncent cette pratique dangereuse qui selon les cas engendre des surdoses, des blessures physiques, des dépressions respiratoires, des arythmies cardiaques, des troubles psychiatriques et augmente les risques d’infections dues au virus du VIH et au virus de l’hépatite C. Différents scientifiques tirent la sonnette d’alarme sur ce problème encore peu connu au Québec et s’interrogent sur l’augmentation des risques encourus par les adolescents qui consomment par ailleurs des drogues.
Le Professeur Roy et ses collègues ont réalisé la première étude du genre au Québec grâce aux données collectées auprès de plus de 63 000 adolescents lors de l’Enquête québécoise sur la santé des jeunes du secondaire 2010-2011.
Les chercheurs se sont demandé combien d’adolescents qui ont consommé de la drogue sur la dernière année ont ingéré des médicaments d’ordonnance à des fins non médicales ? Est-ce que ces adolescents ont éprouvé des difficultés relatives à cette pratique ?
La situation québécoise
Les chercheurs ont découvert que 5,4 % des adolescents ont consommé ces médicaments d’ordonnance parmi ceux qui ont fait usage de drogues illicites. Autant de filles que de garçons. Rapporté à l’ensemble des jeunes du secondaire en 2010, c’est plus de 23 000 adolescents qui s’adonneraient à cette pratique au Québec.
Chez ces adolescents, les types de médicaments les plus populaires sont d’abord les stimulants, suivis des opioïdes, des sédatifs et des hypnotiques. Ces médicaments, plus connus sous le nom de Valium®, Ativan®, Ritalin®, Dalmane®, Codeine® ou Oxycontin® ne sont normalement accessibles que sous prescription médicale.
Selon l’équipe de chercheurs, les adolescents consommateurs de drogue et de médicaments ont été moins encadrés et moins soutenus par leurs parents et leurs amis. Ces adolescents moins encadrés ont plus de risques de consommer des médicaments d’ordonnance à des fins non médicales que ceux qui ont un encadrement parental.
Les auteurs rapportent aussi que ces adolescents vivent des difficultés comme l’anxiété, les troubles de l’attention, la mauvaise estime de soi, un faible contrôle de soi et consomment régulièrement de l’alcool. Le risque de consommer ces médicaments d’ordonnance est plus de deux fois plus grand chez les adolescents qui souffrent d’anxiété en comparaison à ceux qui ne sont pas anxieux.
Sans tirer de conclusion sur les liens de cause à effet entre la consommation de médicaments d’ordonnance et les difficultés rencontrées, les chercheurs ont établi qu’il y a plus de chances qu’un adolescent qui consomme drogues et médicaments soit confronté à des situations difficiles.
Les chercheurs avancent finalement que l’usage détourné des médicaments d’ordonnance par les adolescents qui consomment des drogues est une pratique dangereuse, quelle que soit la raison de consommation. Que ce soit pour s’automédiquer, pour ressentir les effets d’un médicament ou pour compenser les effets des drogues, ces adolescents prennent des risques.
La période de l’adolescence étant fondamentale dans le développement du cerveau comme le sont les fondations d’une maison en construction, les consommations non contrôlées de médicaments, d’alcool et de drogues peuvent avoir de graves conséquences.
Sensibiliser pour éviter les catastrophes
L’équipe du Professeur Roy a signalé l’importance de protéger les adolescents des dangers que peut présenter l’usage détourné des médicaments d’ordonnance. Ils ont suggéré de sensibiliser :
• les adolescents et leurs parents : aux dangers de l’usage détourné des médicaments d’ordonnance; • les adolescents : au danger de mélanger les médicaments avec d’autres substances comme l’alcool; • les parents : à mettre sous clé les médicaments d’ordonnance à la maison; • les parents et médecins : sur l’échange de médicaments entre adolescents; • les médecins : à « identifier les adolescents qui consomment ces médicaments dans un cadre festif ou comme auto-prescription, spécialement chez ceux qui ont un problème de santé mentale ».
La respectable revue scientifique The Canadian Journal of Psychiatry a prévu de publier cette étude en décembre prochain.
Les auteurs espèrent sensibiliser les parents d’adolescents, adolescents et médecins aux risques de la consommation de médicaments d’ordonnance à des fins non médicales chez les adolescents. Comme le dit si bien la mère de Michael : « Sa mort aurait pu être évitée. ».