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Médecin, chercheur, professeur… Impossible d’aborder la science à Laval sans penser à Armand Frappier. Le fondateur de l’institut lavallois qui porte son nom est aussi le pionnier nord-américain de la vaccination contre l’une des maladies les plus contagieuses, la tuberculose.

« C’était un travailleur acharné, il voulait se dépasser. Et il n’avait qu’un but : faire évoluer la science », se souvient sa fille, Michèle Frappier-Daigneault.

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Né en 1904 à Salaberry-de-Valleyfield au Québec, Armand Frappier sait très jeune que son destin sera lié à la médecine. Il n’avait pas 20 ans quand sa mère est emportée par la tuberculose. Son frère cadet et sa grand-mère l’avaient précédée, eux aussi, décédés des suites de cette terrible maladie.

La médecine préventive s’impose dorénavant auprès du scientifique comme une spécialisation. « Aucun doute, je n’ai jamais pensé à faire autre chose, voilà ce qu’il me disait », confie sa fille. D’abord médecin, la recherche devient ensuite sa passion.

En 1932, Armand Frappier débarque à l’Institut Pasteur de Paris, où il apprend à produire le vaccin antituberculeux BCG auprès d’Albert Calmette et Camille Guérin. Il ramènera une souche du vaccin au Canada et sera l’un des premiers à confirmer la sécurité et l'efficacité du vaccin BCG. La tuberculose aura été sa première bataille. Il en mènera beaucoup d’autres dans son combat contre les maladies infectieuses.

Parce qu’il était soucieux de la santé publique à travers le monde, il était perçu comme un humaniste. Volontaire, rien ni personne ne pouvait l’arrêter.

« Il voulait faire vacciner les peuples autochtones dans le Grand-Nord et il le disait lui-même, personne n’aurait pu le faire changer d’avis », raconte Rosemonde Mandeville, biographe du célèbre microbiologiste et elle-même chercheuse. Ce sera chose faite à partir de 1949. Cette vaccination a permis d’enrayer l’épidémie de tuberculose qui sévissait alors dans ce territoire nordique.

Actif jusqu’à la veille de sa mort en 1991, où il travaillait toujours à ses mémoires, Armand Frappier est aussi un bâtisseur. Et son héritage est important. Fondé en 1938, l’Institut de microbiologie et d’hygiène de Montréal portera son nom à partir de 1974, puis sera rattaché en 1998 à l’Institut national de la recherche scientifique.

« Il a créé une institution qui combinait à la fois la recherche et la production de vaccins. C’était un visionnaire », souligne Pierre Talbot, qui était encore récemment directeur du Centre INRS-Institut Armand-Frappier. Ce centre regroupe aujourd’hui une quarantaine de professeurs à Laval et il est membre du Réseau international des Instituts Pasteur.

À la retraite, il portait chaque jour une fleur de son jardin à la boutonnière, gage de sa passion pour le jardinage. La chasse, la pêche, les longues marches, la musique et notamment le violon comptaient aussi parmi ses activités favorites. « Il savait séparer le travail des loisirs et des moments passés en famille, avec sa femme et ses quatre enfants », témoigne sa fille Michèle. Il y aura sans doute puisé la force d’inspirer des générations de chercheurs.

Le Temple de la renommée médicale canadienne lui rendra bientôt hommage en l’intronisant en mars 2011 lors d’une cérémonie à Toronto.

Pour en savoir plus

par Priscilla Reig - Agence Science-Presse

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