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À la mi-juillet, une prestigieuse revue médicale publiait une étude —une de plus— qui démontrait que l’aluminium dans les vaccins n’avait aucun impact sur la santé. En réaction, le ministre américain de la Santé, Robert F. Kennedy Jr, a demandé à la revue de retirer cet article de ses archives. La revue a refusé.

L’étude en question, financée par l’organisme subventionnaire de la recherche en santé du Danemark, consiste en une analyse des données de 1,2 million d’enfants pendant deux décennies. Elle cherchait une hypothétique corrélation entre ces vaccins et un risque accru de développer des maladies auto-immunes, des allergies ou des troubles neurodéveloppementaux, comme l’autisme. Le nombre élevé de données, en plus du fait que les chercheurs ont tenté d’identifier des liens avec pas moins de 50 conditions, en a fait une des études les plus approfondies sur la question.

Mais cette publication arrive dans un contexte où Robert F. Kennedy (RFK), profitant de sa tribune de ministre de la Santé, a poursuivi ses déclarations et prises de position controversées sur les vaccins. On lui doit notamment, en juin, le limogeage des 17 experts du comité aviseur sur les vaccins du Centre de contrôle des maladies (CDC) pour les remplacer par des non-experts. Qui plus est, selon des reportages parus en juin, Kennedy envisagerait de lancer bientôt une revue de la littérature scientifique sur les vaccins contenant de l’aluminium. 

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Il a donc plutôt choisi de dénoncer l’étude danoise comme un travail de « propagande de l’industrie pharmaceutique ». Dans un texte paru le 1er août sur un blogue consacré à la recherche clinique, TrialSite News, il a critiqué la composition de l’étude, pour son absence de groupe contrôlé et pour un choix méthodologique qui, selon lui, aurait été fait dans le but de ne pas pouvoir trouver de lien. Il a demandé à la revue, les Annals of Internal Medicine, de « rétracter immédiatement » cette publication.

Or, le processus de rétractation, dans l’édition scientifique, passe généralement par une enquête interne de la revue: il ne dépend pas d’une demande politique. La rédactrice en chef des Annals, Christine Laine, professeure de médecine à l’Université Thomas Jefferson, a ainsi déclaré à l’agence de presse Reuters le 11 août qu’elle répondrait uniquement sur le site de la revue à ceux qui y ont envoyé des critiques —notablement des représentants du groupe antivaccins Children’s Health Defense, le groupe fondé par RFK. 

Mais déjà, l’auteur principal de la recherche s’est chargé de répondre sur le blogue TrialSite News. Anders Peter Hviid, directeur de la recherche en épidémiologie à l’Institut Statens Serum du Danemark —qui dépend du ministère de la Santé— y écrit que l’absence de groupe contrôlé vient du fait qu’au Danemark, seulement 2% des enfants ne sont pas vaccinés. Et quant au choix méthodologique que RFK lui reproche, il s’agit, écrit Hvid, d’une méthodologie qui a été utilisée par le pédiatre américain Matthew Daley, et qui l’avait conduit, en 2022, à émettre l’hypothèse d’un lien entre ces vaccins et le développement de l’asthme. Kennedy cite même Daley et sa recherche de 2022 dans sa critique. Or, Daley a commenté la nouvelle étude: il l’a jugée bien faite et a déclaré qu’elle peut donner confiance aux parents à l’effet que la vaccination infantile n’augmentera pas le risque d’asthme. 

Quant aux données, elles sont accessibles à tous les chercheurs. 

Il faut rappeler que la quantité d’aluminium dont on parle dans les vaccins est infime. En fait, elle est inférieure à ce qu’un enfant ingère naturellement à travers les aliments, l’eau et l’air, considérant que l’aluminium est un des éléments chimiques les plus présents tout autour de nous. 

Dans un texte séparé, TrialSite News, qui est un site spécialisé indépendant, a vanté l’étude danoise, saluant son ampleur et sa transparence.

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