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Malgré le fait que les infections transmissibles sexuellement puissent être évitées facilement par l’utilisation du condom, de nombreuses personnes continuent d’en être atteintes chaque année. C’est particulièrement le cas avec la chlamydia, notamment chez les jeunes âgés de 15 à 24 ans.

Après que la chlamydia est connue une régression constante de 1990 à 1997, période durant laquelle l’infection à diminué de 60% au Canada, cette tendance s’est subitement inversée en 1997 et l’incidence de la chlamydia n’a cessé d’augmenter depuis. En somme, le nombre de cas déclarés a littéralement triplé durant les 15 dernières années, autant chez les hommes que chez les femmes. Ce phénomène n’est toutefois pas particulier au Canada. La plupart des pays industrialisés sont victimes d’une recrudescence de chlamydia. Les États-Unis, l’Australie, le Royaume-Uni et plusieurs pays de l’Union européenne, particulièrement dans les pays scandinaves tels que la Norvège, le Danemark et la Suède, ont rapporté des tendances similaires.

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La chlamydia représente donc une source de préoccupation croissante en matière de santé publique. Le plus récent rapport du Laboratoire de santé publique du Québec sur la surveillance des ITSS, paru en 2012, n’y fait pas exception. D’entrée de jeu, le rapport indique qu’avec près de 20 000 cas déclarés en 2011, la chlamydia est toujours l’ITSS à déclaration obligatoire la plus fréquente au Québec (et au Canada). Parmi ceux-ci, on compte environ 10 000 cas chez les filles âgées de 15 à 24 ans et un peu plus de 3000 cas chez les garçons du même groupe d’âge. Au total, c’est 65% de tous les cas de chlamydia déclarés qui se retrouvent chez des jeunes de 15 à 24 ans. À l’échelle canadienne, cette proportion grimpe à 80% pour le même groupe d’âge. Néanmoins, ce sont les filles de 15 à 24 ans qui sont le plus fortement touchées, alors qu’elles totalisent à elles seules près de 50% de tous les cas de chlamydia.

Infectiologie 101

La chlamydia est une infection de la muqueuse urogénitale qui est asymptomatique chez environ 80% des femmes et 50% des hommes atteints. Non traitée, la chlamydia peut apporter un lot d’effets préjudiciables importants sur la santé.

Chez la femme, l’infection non traitée remonte le tractus génital où se succèdent cervicite, endométrite et salpingite. Ultimement, on verra apparaitre une atteinte inflammatoire pelvienne chronique. Il s’agit essentiellement d’une inflammation de l’appareil génital qui peut entrainer de la stérilité, des grossesses ectopiques et des douleurs pelviennes chroniques. La chlamydia est également responsable de cas de fausses couches et d’avortements spontanés. Chez l’homme, l’infection est la cause la plus fréquente d’urétrite non gonococcique. L’infection asymptomatique persistante peut évoluer vers une prostatite et une épididymite. Cette l’inflammation de la prostate et des testicules peuvent aboutir plus rarement à des cas d’infertilité.

Au niveau de la périnatalité, de 30 à 50% des nouveaux nés issus de mères ayant une chlamydia non traitée contractent une ophtalmie néonatale dans les 5 à 10 premiers jours de vie. De plus, ces nouveaux nés présentent également un risque accru de développer une pneumonie causée par la chlamydia.

Pourquoi tant de chlamydia chez les 15 à 24 ans?

Divers facteurs pouvant influencer à la hausse le nombre de cas rapportés de chlamydia ont déjà été suggérés afin d’expliquer ce phénomène. Parmi ceux-ci, notons les modifications des pratiques médicales quant au dépistage, au traitement et à l’intervention préventive auprès des partenaires; la mise en place dans les laboratoires cliniques de nouvelles techniques de détection plus sensibles; l’amélioration apportée au traitement contre le VIH/SIDA, suscitant chez certains jeunes une diminution de la crainte associée aux pratiques sexuelles à risques; le changement des mœurs sexuelles des adolescents et des jeunes adultes, en ce qui a trait à la précocité des relations sexuelles, à la multiplication des partenaires et à l’adoption de pratiques sexuelles plus à risque; l’accroissement du nombre de personnes qui utilisent des moyens anonymes, tels que les sites web de rencontre, pour trouver des partenaires sexuels; et finalement un manque de connaissances dans cette population sur les modes de transmission des ITSS.

Épidémie ITSS et organisation des services

De façon globale, il est impossible pour l’instant de déterminer quelle proportion de l’augmentation est attribuable aux hypothèses proposées et surtout pourquoi les cas d’ITSS en général augmentent-ils chez les 15 à 24, malgré les services de soins de santé mis en place. C’est d’ailleurs pour se pencher sur ces questions qu’un colloque sur le sujet sera tenu à Québec en avril prochain. Cet événement qui est une première au Québec, mettra en scène de nombreux conférenciers qui inviteront les participants à réfléchir sur l’épineuse question: Sommes-nous assez responsables dans notre lutte contre les ITSS? Espérons que les discussions seront menées avec énergie et inciteront les directions des établissements à prioriser les ITSS!

*Je vous invite à visionner la comédie musicale spontanée réalisée le 9 février 2010 au Cégep Marie-Victorin à Montréal, afin de sensibiliser les jeunes sur la recrudescence des ITS au Québec.

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Patrick D. Paquette, M.Sc., Mcb.A., RMCCM Microbiologiste agréé Consultant en prévention des infections

Suivez-moi sur Twitter: @patdpaquette │ Courriel: mesconsultants@outlook.com

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