Les cellules de la peau engendrent des neurones, les cellules adipeuses génèrent des tissus mous, les caillots sanguins se transforment en cartilage… Les cellules souches issues de divers organes permettent de fabriquer de nouveaux tissus humains pour remplacer ceux qui sont usés ou endommagés. Voilà le génie tissulaire dont tire profit la très prometteuse médecine régénératrice.

« Il se fait au Québec des choses excitantes » relève François Berthod, chercheur au Laboratoire d’organogenèse expérimentale (LOEX) et co-responsable du colloque « Applications des cellules souches à la médecine régénératrice » du 75e Congrès de l’Acfas.

Abonnez-vous à notre infolettre!

Pour ne rien rater de l'actualité scientifique et tout savoir sur nos efforts pour lutter contre les fausses nouvelles et la désinformation!

Les cellules souches sont trop souvent associées aux cellules des embryons et leur utilisation soulève bien des inquiétudes. « Les recherches actuelles s’orientent plutôt vers les cellules prélevées sur des adultes, dans la peau par exemple » rassure François Berthod.

Dans son laboratoire, il cherche à isoler les cellules souches de la peau humaine adulte dans l’objectif est de générer des neurones. « Nous voulons vérifier si ces neurones peuvent être fonctionnels, capables de transmettre un influx nerveux. Nous voulons aussi développer un modèle in vitro qui mime la moelle épinière », explique le professeur Berthod.

L’objectif sera à très long terme de pouvoir rebâtir un réseau neuronal chez des personnes atteintes de maladies dégénératives telle la sclérose latérale amyotrophique (SLA) ou la maladie de Parkinson. Le bon gras

Le tissu adipeux humain, surplus encombrant souvent logé en haut des cuisses et à la taille, intéresse également les chercheurs de génie tissulaire. Ce gras comprend une population de cellules souches capables de générer des tissus mous dont la chirurgie de reconstruction a un criant besoin.

La vision du tissu adipeux a été longtemps celle d’un sac qui accumule le gras. Mais depuis quelques années, on le voit d’un autre œil. « Le tissu adipeux est abondant et accessible et surtout très riche de cellules souches multipotentes, c’est-à-dire capables de se différencier en d’autres types de cellules. Il en contient 1000 fois plus que la moelle », annonce Julie Fradette, également chercheur au LOEX.

Dans son laboratoire, la chercheuse et son équipe s’attachent à reconstruire du tissu adipeux en 3D par des méthodes d’auto assemblage des cellules. Provenant de liposuccions chez des sujets sains, ces cellules souches recréent, sous la stimulation des chercheurs, un échafaudage de feuillets cellulaires. « Nous intervenons très peu. Laisser la nature agir donne de meilleur résultat » soutient la chercheuse.

Ces tissus mous trouveraient une grande utilité en chirurgie esthétique et reconstructive. Ils combleraient sans rejet les cavités laissées par les ablations de tumeurs, les profondes cicatrices des victimes d’accidents de la route et même offrir un second visage aux patients atteints du VIH sida atteint de lipodystrophie, un déplacement des tissus mous.

Je donne