Des médicaments issus de plantes, rien de nouveau là-dedans me direz-vous. On utilise des plantes comme source de médicaments depuis toujours. Mais jusqu'à maintenant, on se contentait d'extraire les molécules d'intérêt à partir de plantes médicinales. Or, une nouvelle méthode de production de médicament est mise au point : La transgénèse permet la production de molécules d'intérêt pharmaceutique par des plantes.

Ce procédé de fabrication porte le nom de moléculture (combinaison des mots molécule et culture). Notons que depuis 1983, l’insuline que les diabétiques utilisent est produite par des bactéries transgéniques. Auparavant, de l’insuline porcine était utilisée.

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La production en champs de plantes destinées à la moléculture pourrait provoquer des effets non intentionnels sur l’environnement ou la santé. Par exemple, un maïs produisant une protéine thérapeutique pourrait contaminer par pollinisation une culture de maïs voisine destinée à la consommation humaine ou animale. Autre risque, le mélange accidentel des cultures destinées à la moléculture avec celles destinées à l’alimentation lors de la récolte, de l’entreposage ou du transport, comme l’illustre le cas suivant. En 2001, du maïs, produisant un vaccin contre une maladie virale du porc, a été semé au Nébraska. L’année suivante, du soja a été semé dans les mêmes champs, or des repousses de maïs issues des graines tombées au sol l’année précédente ont émergé. Ainsi du maïs de moléculture s’est retrouvé dans des cargaisons de soja. Heureusement, le gouvernement américain a réussi à mettre les cargaisons en quarantaine avant qu’elles ne se retrouvent dans la chaîne alimentaire. La compagnie fautive a acheté les cargaisons contaminés, payé une amende (250 000 $ US), défrayé les coûts de décontaminations des silos et… a fait faillite !

Depuis cet incident, les plantes de moléculture ne doivent pas être semées à moins de 1, 6 Km (1 mile) des plantes de la même espèce destinées à l’alimentation. Les autres règlements comprennent des inspections des champs, l’interdiction de produire des cultures destinées à l’alimentation au même site l’année suivante et l’utilisation de machineries agricoles ne servant pas dans des champs des cultures destinées à l’alimentation.

Au Canada, le gouvernement fédéral a amorcé un examen général de la réglementation sur la moléculture végétale. Tant que les consultations et l’analyse se poursuivront, les demandes ayant trait à des essais au champ seront traitées au cas par cas. Certaines recommandations ont été émises, notamment :

• Il n’est pas recommandé d’utiliser des cultures vivrières ou fourragères importantes (ex. maïs) ;

• Il est déconseillé d’utiliser des cultures pollinisées par des abeilles qui contribuent à la production commerciale de miel.

Pour l’instant, la moléculture est principalement effectuée en laboratoire ou en serre. Par exemple, dans la région de Québec, une compagnie produit en serre des luzernes exprimant des anticorps.

Le défi technique de la moléculture consiste à obtenir un niveau d'expression suffisamment élevé de la molécule d’intérêt dans l’OGM, afin de rentabiliser les coûts de production. Aussi, la molécule doit posséder les mêmes caractéristiques (structure et activité) que son homologue produit dans l'organisme d'origine, par exemple l’insuline produite dans une plante doit être identique à l’insuline humaine.

Le défi réglementaire, quant à lui, consiste à réduire les risques à l’environnement et à la santé, tout en encourageant l’innovation technologique. Pour ce faire, l’évaluation des OGM servant à la moléculture devrait être basée sur des données scientifiques à jour, transparente, ouverte à la critique et favoriser un débat public…

Pour en savoir plus

Agence canadienne d’inspection des aliments. La moléculture végétale.

Gouvernement du Québec. Source d’information sur les organismes génétiquement modifiés. Utilisation potentielle des végétaux GM – Moléculture végétale.

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