L’autre météorite cataclysmique, celle qui, il y a 65 millions d’années, a mis fin aux dinosaures, faisait environ 10 kilomètres de diamètre. Déjà, à l’échelle cosmique, c’est une géante parmi les météorites. Mais celle de l’Antarctique aurait pu faire 50 kilomètres : un pareil coup de marteau venu du ciel aurait pu être suffisant pour fracturer le méga-continent qui dominait alors la planète, et donner ainsi naissance à nos cinq continents actuels (un journal australien a d’ailleurs intitulé cette nouvelle : " Comment est née l’Australie ").
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Mais surtout, l’impact, en expédiant des milliards de tonnes de gaz et de poussière dans l’atmosphère et en bouleversant le climat pendant des années, peut-être des décennies, aurait provoqué une extinction de masse des plantes et des animaux : au moins les trois quarts des créatures terrestres et 90% des créatures marines sont disparus à cette époque, selon les experts (de son nom complet, l’extinction du Permien-Triassique).
Parmi les survivants, on peut imaginer de petits reptiles qui ont pu ainsi occuper toutes les niches écologiques laissées vacantes, dont les descendants ont engendré les dinosaures, lesquels furent à leur tour éradiqués et ont laissé place à de petits mammifères dont nous sommes les descendants... À qui le tour ?
Mais tout le monde n’est pas convaincu par la " découverte " de l’Antarctique. L’argument principal demeure qu’aucun signe d’un tel impact n’a été découvert ailleurs sur Terre. Or, l’impact d’il y a 65 millions d’années, lui, a laissé une trace dans les couches géologiques de l’époque : une présence plus élevée d’iridium, un élément chimique souvent associé aux météorites.
Les chercheurs américains, russe et coréen, sous la direction du géophysicien Ralph von Frese, de l’Université d’État de l’Ohio, se sont penchés sur les données de GRACE, un duo de satellites américains qui évalue les plus infimes variations du champ gravitationnelle de la Terre : cela révèle des variations dans la densité de notre planète. Or, GRACE a identifié une région de 320 kilomètres où le manteau terrestre est anormalement plus dense, à 1,6 kilomètre sous la calotte glaciaire de l’Est de l’Antarctique, dans une région appelée la Terre de Wilkes.
Qu’est-ce qui peut expliquer une telle concentration de terre et de roche ? " Si je voyais ce signal sur la Lune, je m’attendrais à ce qu’il y ait un cratère autour ", explique von Frese, qui a présenté ces résultats le 3 juin, au congrès de l’Union géophysique américaine à Baltimore. Et de fait, lorsqu’ils ont ensuite examiné des images radar de la région, les chercheurs y ont vu ce qui ressemblait à un cratère : un cirque de quelque 480 kilomètres de large. Si ça se vérifie, ce sera la plus grosse trace d’un impact cosmique jamais trouvée sur notre planète.
Les sceptiques répliquent qu’une région de plus grande densité peut être le résultat d’une intense activité volcanique survenue il y a très longtemps. Mais von Frese précise que les deux hypothèses ne sont pas exclusives. Un impact d’une telle puissance aurait très bien pu entraîner une activité volcanique, même à des milliers de kilomètres de là.
Pour vérifier tout cela, il faudra aller voir. Des volontaires pour une expédition en Antarctique et un forage à 1,6 kilomètres sous la glace ?