BREST - À l’écran, une aiguille pénètre la membrane et diffuse son poison dans les veines. S’ensuit une réaction en chaîne qui provoquera l’irritation de tout le système. Cette image d’une réaction d’urticaire d’un millimètre de peau humaine a été réalisée par le doctorant Gireg Desmeulles, de l’École nationale des ingénieurs de Brest... mais elle n'existe que sur ordinateur.

Contrairement aux modèles informatiques classiques, chaque élément illustré ici est autonome. De sorte que, comme pour l’expérimentation en éprouvette, il est possible de changer les paramètres sans arrêter l’expérience et surtout, sans tout reprogrammer !

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La méthode, dite in virtuo, est développée au Centre européen de la réalité virtuelle (CERV), rattaché à l’École nationale des ingénieurs de Brest. Ces chercheurs ont mis au point une méthode pour créer des modèles informatiques qui imitent une cellule et son environnement et simulent des phénomènes biologiques complexes: une réaction urticaire par exemple. Ultimement, les expérimentations in virtuo permettraient de tester de nouvelles hypothèses pour mieux préparer des expérimentations réelles. On y gagnerait temps et argent.

" Les limites de in virtuo sont celles des connaissances des biologistes", explique le maître de conférence en informatique et dirigeant de l’équipe d’Ecosystémique et biologie virtuelle, au CERV, Vincent Rodin. Pour développer ce programme, le CERV a dû travailler sur des problématiques qui touchent aussi bien à l’immunologie qu'à la cancérologie, l’ergologie et la dermatologie.

Mais par-dessus tout, ce programme doit pouvoir être autonome et évoluer par lui-même... comme un virus informatique! " Une fois que le programmeur a construit le virus, il le laisse aller dans la "nature" et le laisse évoluer, il ne lui appartient plus ", donne en exemple Vincent Rodin.

Les modèles classiques informatiques, dits in silico, ne peuvent travailler sur de multiples échelles, par exemple du niveau de la plus petite molécule jusqu'à celui de l'humain. Un modèle informatique dit In silico agit donc comme si toutes les réactions chimiques ont lieu au même instant, alors que in virtuo reproduit l’enchaînement de la réaction. " De plus, il peut y avoir une modification d’une fois à l’autre. Nous sommes capables de modéliser le hasard en choisissant aléatoirement les éléments qui arrivent en premier dans la réaction ", explique Vincent Rodin. Bref, le virtuel se confond de plus en plus avec le réel...

Le billet d'avion et le séjour en France ont été rendu possibles par une bourse du Consulat général de France à Québec, de l'Office franco-québécois pour la jeunesse et d'Algorithme Pharma.

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