On appelle cette découverte, en termes clairs, "faire taire un gène". Sachant que la tâche dun gène est de produire des protéines, et que cest souvent la surproduction de ces protéines qui signale un gène défectueux, en 1998, Craig Mello, de lUniversité du Massachusetts et Andrew Fire, de lUniversité Stanford (Californie) ont découvert quil était possible, au moyen de ce quon appelle lARN interférence (voir encadré), de "bloquer" un gène.
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En dautres termes, ils ont annoncé à une communauté scientifique stupéfaite quil était théoriquement possible de réduire un gène au silence.
Immédiatement, des investisseurs ont flairé la bonne affaire: pourrait-on produire un médicament capable de réduire au silence un "mauvais" gène, responsable dune maladie?
Résultat: aujourdhui, on compte déjà huit brevets déposés aux États Unis et en Europe. Une demi-douzaine de firmes de biotechnologie travaillent là-dessus. Et trois en sont à tester des médicaments expérimentaux. À elle seule, la firme américaine Nucleonics Inc. (basée en Pennsylvanie) a reçu en 2005 des investissements de 50 millions$ pour démarrer des essais cliniques dun médicament expérimental contre lhépatite.
Mais il ne faut pas rêver en couleurs non plus, prévenait lundi Andrew Fire. Le fait quil soit en théorie possible de bloquer un gène impliqué dans la production dune protéine qui est elle-même impliquée dans la croissance dun cancer, ne signifie pas quon soit à deux doigts de développer un traitement contre le cancer.
Entre autres problèmes, depuis 1998, les scientifiques se sont aperçus quun fragment dARN est un million de fois plus fragile quun fragment dADN. Pas pratique pour lenvoyer en mission dans le corps humain...
LAssociated Press rapportait par ailleurs lundi que les compagnies mentionnées plus haut perdent toutes de largent dans cette quête autour de lARN interférence. Le médicament auquel elles rêvent ne verra pas le jour avant les années 2010, si jamais il voit le jour. En attendant, un Nobel leur permet de faire grimper la valeur de leurs actions et ainsi, de patienter quelques années de plus.