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Pour apprendre à prédire les ouragans, il a fallu développer, il y a 20 ans, des technologies permettant de, littéralement, regarder l’intérieur des nuages. Et c’est ainsi que, depuis 20 ans, les météorologues ont accumulé de plus en plus de données de « l’intérieur », afin de raffiner de plus en plus leurs prévisions. Or, cette collecte de données fait partie des choses qui vont s’interrompre avec les coupures de l’administration Trump. 

Avant les années 2000, les experts devaient se fier à ce qui était visible à l’oeil nu: et c’est pourquoi prédire un ouragan était plus facile le jour que la nuit. C’est en plus du fait qu’une fois le soleil couché, les tempêtes de l’océan gagnent en force, à cause de la dynamique des changements de température. D’où l’importance qu'ont prises, au cours des deux dernières décennies, les observations dans l’infrarouge « de l’intérieur » des nuages, grâce aux satellites et à des avions « chasseurs de cyclones ». Aux États-Unis, on appelle ce programme d’imagerie le SSMIS, pour Special Sensor Microwave Imager Sounder.

Or, une des coupures concerne le SSMIS : le ministère américain de la Défense a annoncé qu’il cessera, à la fin de juillet, de traiter et de distribuer les données d’imagerie que récoltent ces satellites et ces avions. SSMIS fait de plus partie du Programme des satellites météorologiques du ministère de la Défense: il vient d’être décidé que ce programme prendra fin en 2026, rapporte le magazine The Atlantic.

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Dans son dernier bilan annuel des ouragans et autres tempêtes, paru en avril dernier, l’agence américaine des océans et de l’atmosphère (NOAA) évaluait que ses prédictions quant aux parcours des ouragans avaient été, en 2024, les plus réussies de son histoire. Une performance qui risque d’être à présent difficile à égaler: avec la perte de ces données, son Centre national des ouragans (National Hurricane Center) perd cette capacité de prédire avec précision la trajectoire des tempêtes mais aussi de prédire ce qu’on appelle « l’intensification », c ‘est-à-dire ces moments où une tempête gagne soudainement en puissance.

Qui plus est, l’intensification est un phénomène voué à se produire plus souvent, à mesure que les eaux des océans se réchauffent. 

Il y a certes d’autres satellites qui observent les nuages dans l’infrarouge. Mais comme le déplore le météorologue Michael Lowry, leurs orbites les amènent à passer moins souvent au-dessus des endroits-clefs ou bien ils sont moins précis que ceux du programme SSMIS. Par ailleurs, à travers les États-Unis, le Service météorologique national a lancé moins de ballons météo que l’an dernier à pareille date, pour cause de réductions de personnel. Enfin, souligne The Atlantic, les réductions de personnel à travers la NOAA ont de toutes façons, depuis février, réduit le nombre d’experts capables d’interpréter les données.

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