« L’homme a atteint les limites de la biosphère. Nous vivons un moment historique. Et nous sommes dans un cul de sac ». C’est ainsi que le journaliste environnemental Hervé Kempf a ouvert la conférence qu’il donnait le 10 avril dernier à Montréal.

Journaliste au Monde, Hervé Kempf assure présentement la promotion de son ouvrage Comment les riches détruisent la planète. De toutes les tribunes, il est un orateur passionnant et éclairant. Ni à gauche, ni à droite, il est résolument vert quand il s’agit de réfléchir aux questions sociales. Impossible pour lui de poser le problème environnemental sans référer à la crise sociale que traverse actuellement l’Occident.

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Au Cœur des Sciences de l’UQAM, il était épaulé par son collègue du Devoir Louis-Gilles Francoeur. Lors de l’allocution donnée devant un large public, Hervé Kempf a souligné l’irréversibilité de la situation. Les changements climatiques, la pollution généralisée et la crise de la biodiversité sont bien réels. « Cette connaissance, on l’a depuis longtemps. Mais la situation ne change pas. » Devant cette catastrophe annoncée, comment expliquer l’immobilisme des gouvernements ? Hervé Kempf se permet de poser la question.

Le diagnostic qu’il établit est double. « Il y a un manque de culture écologique chez nos dirigeants. » Se préoccuper de la sauvegarde de la biodiversité et de gaz à effets de serre, c’est faire figure de hippie. Mais la classe politique n’est pas l’unique responsable. Le mode de vie des gens riches est également à blâmer. « On a des maisons climatisées, on prend l’avion pour les vacances. Les nouvelles ne sont pas intégrées. »

Hervé Kempf va plus loin. « La clef de la crise écologique, affirme-t-il, c’est l’analyse sociale. » Et il explique. La classe dominante consomme à un rythme effréné et fait porter sur la biodiversité une pression énorme. Son manque de vision crée également une grave crise sociale. La pauvreté et la précarité en sont autant de symptômes.

« La biosphère ne récupère plus. Et un nouveau coup de massue sera porté par l’industrialisation des pays émergents. » Comment ne pas s’inquiéter de la diffusion du mode de vie occidental en Chine ou en Inde ? Solution : une modification profonde de la culture de consommation. « Il faut y parvenir en amenant la classe dominante à modifier ses habitudes et ses privilèges. Et assurer une meilleure répartition des ressources. »

« Remettre en question la façon dont on consomme, faire moins, n’est-ce pas un projet peu alléchant ? » souligne un participant. Hervé Kempf s’en défend bien, lui qui aspire à l’avènement d’une société plus humaine. « Le projet n’est pas de faire moins, mais de faire autrement ».

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