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« Le battement d’ailes d’un papillon au Brésil peut-il provoquer une tornade au Texas ? », demandait le météorologue américain Edward Lorenz en 1972. Le fameux effet papillon, hypothèse fondatrice de la théorie du chaos, voulant qu’une variation même infime des paramètres d’un système complexe puisse produire des changements majeurs dans le système, fait des vagues ces jours-ci dans le domaine de l’océanographie.

De la déforestation de l’Amazone à la prolifération d’algues dans les Caraïbes

Ainsi, la prolifération des algues sargasses observée dans les Caraïbes depuis quelques années (au grand dam des touristes) serait en partie attribuable à des déversements de nutriments d’origine agricole en provenance notamment des terres défrichées dans le bassin de l’Amazone… et de l’Afrique de l’Ouest !

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C’est ce que postule une équipe de l’Université du sud de la Floride dans un article publié le 5 juillet dans la revue Science. Les scientifiques se sont penchés sur « la plus grande éclosion » de ces algues qui ont pris de l’expansion jusqu’à former une ceinture de quelque 8 850 kilomètres de long dans l’Atlantique.

En utilisant les données des satellites MODIS de la NASA, les scientifiques ont pu observer, depuis 2011, la formation d’un immense tapis de sargasses contenant plus de 20 millions de tonnes métriques de biomasses entre le golfe du Mexique, la mer des Caraïbes et l’Afrique de l’Ouest.

Les auteurs plaident pour un effort de recherche accru en vue de « mieux comprendre les impacts écologiques et biochimiques » de l’accumulation des sargasses et d’analyser les incidences du phénomène sur les environnements côtiers, le tourisme, les économies et la santé humaine, « en particulier si les sargasses, un habitat essentiel, deviennent une nuisance grave et perpétuelle ».

Du continent de plastique à la « plasticroûte »

À propos de nuisance grave et perpétuelle, alors que tous les yeux sont tournés vers le continent de plastique au cœur du Pacifique, des scientifiques ont découvert des traces de polystyrène incrusté sur les côtes de Madère, dans l’Atlantique Nord.

Cette île volcanique située à 500 kilomètres au nord des îles Canaries serait devenue « un dépôt de plastiques inconnu à ce jour », avance une équipe du Centre de sciences environnementales et marines de Lisbonne (MARE) dans le journal Science of The Total Environment.

L’article publié à l’automne 2019, et rapporté récemment dans les médias, fait état d’un « phénomène nouveau de pollution au plastique ». Depuis 2016, détaille la recherche, près de 10 % du milieu de la zone intertidale de Madère (soit la portion de côte plus ou moins longtemps découverte entre les marées) a été « couvert de débris plastiques, vraisemblablement générés par des chocs hydrodynamiques continus de gros items en plastique contre des rochers », formant une fine « plasticroûte ».

En plus d’y voir une nouvelle manifestation des atteintes sérieuses à la santé des écosystèmes marins et côtiers causés par l’accumulation de plastique dans l’océan, les scientifiques avancent qu’il pourrait s’agir d’une « nouvelle porte d’entrée pour le plastique dans la chaîne alimentaire marine ». Ils suggèrent aussi d’étendre à d’autres régions les recherches sur la « plasticroûte » et d’ajouter cette nouvelle catégorie de détritus en plastique à surveiller dans les politiques et plans d’action sur la gestion des déchets en mer.

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