mercure-octobre2011-1.jpg
La petite planète se révèle être davantage qu’une boule cuite par le Soleil dont elle est la plus proche voisine. Mais pour le savoir, il fallait regarder sous la surface, et du côté sombre.

D’abord, on apprend qu’il y a eu de l’activité volcanique sur Mercure. Même si ça remonte à 3 milliards d’années, ça place déjà cette planète dans une catégorie à part. Ensuite, il y a du fer dans son coeur, beaucoup plus, proportionnellement, que dans les noyaux de la Terre ou de Mars: 60% à 70 % de la masse de Mercure est contenue dans son noyau, contre 32% chez nous. Comment tout ce fer s’est-il retrouvé là, c’est un mystère.

Abonnez-vous à notre infolettre!

Pour ne rien rater de l'actualité scientifique et tout savoir sur nos efforts pour lutter contre les fausses nouvelles et la désinformation!

Pas moins de sept études tirées des résultats préliminaires de la sonde américaine Messenger, en orbite depuis mars, sont parues dans Science le 30 septembre. L’engouement des planétologues vient du fait que c’est la première fois depuis 35 ans qu’une sonde spatiale s’approche de Mercure, et c’est la toute première fois qu’on en photographie la face cachée.

Il faut dire que Mercure a toujours été snobée par les agences spatiales. Alors que Vénus attirait pour ses nuages et Mars, parce que c’est Mars, Mercure, qui ressemble de loin à une banale soeur jumelle de notre Lune, a dû attendre cette année pour être scrutée sous toutes ses coutures.

Ce que l’activité volcanique mentionnée plus haut a laissé derrière elle n’est pas banal: non pas une coulée, mais une plaine volcanique de 5 millions de kilomètres carrés, ou plus de 6% de la surface. Un peu comme si la moitié des États-Unis était une plaine volcanique. Les plus enthousiastes se mettent à rêver que Mercure puisse être encore le théâtre de séismes et de volcans actifs (une planète «vivante», dans le langage d’un géologue), mais c’est aller un peu vite en besogne.

Reste qu’il se passe des choses bizarres à la surface, peut-être pas géologiques mais chimiques: une des sept études décrit des dépressions visibles à la surface, qui lui donnent l’allure d’un fromage suisse. Elles pourraient être causées par l’évaporation d’un composé des roches, sous l’effet de l’intense chaleur du Soleil. Mais quelle chimie est à l’oeuvre, c’est là un autre mystère. Qui oblige à remettre en question la façon dont on présumait que Mercure s'était formée, ou même si elle serait encore en train de se «déformer».

Je donne