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En plus d’être des obstacles à la lutte contre la pauvreté, les préjugés peuvent freiner l’accès à la santé. La région de Québec se mobilise actuellement contre eux dans son Plan d'action régional de santé publique 2016-2020, et les étudiants universitaires sont une des cibles.

Adoptée à l’automne 2017, la campagne « Ensemble pour agir sur les préjugés » rassemble les milieux communautaires autour de Centraide Québec, des autorités de la santé (CIUSSS), mais aussi l’université, par le biais de ses facultés de Médecine, de Médecine dentaire, de Pharmacie, de Sciences infirmières et de l’École de travail social et de criminologie.

« C’est une action de sensibilisation, mais au-delà de ça, c’est aussi une façon de mieux outiller les étudiants afin qu’ils travaillent avec le milieu communautaire. Les préjugés peuvent être de toutes sortes, mais on parle ici plus particulièrement de la lutte contre la pauvreté et l’exclusion », souligne Michel De Waele, adjoint au vice-recteur aux études et aux affaires étudiantes de l’Université Laval et membre du comité universitaire de coordination de la mobilisation.

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Différentes actions prendront place à l’automne. « Cela rejoint nos valeurs de responsabilité sociale pour améliorer la formation de médecins compétents, aussi du point de vue du savoir être. Ce ne sont pas juste des futurs prestataires de la santé, mais des agents de changement », relève la vice-doyenne de la Faculté de médecine de l’Université Laval, Emmanuelle Careau.

Il y a deux ans, cette faculté a lancé un Forum citoyen afin d’offrir des activités de formation et de recherche en phase avec les besoins des citoyens. Ses membres ont parcouru huit villes québécoises : Québec, Saguenay, Joliette, Rimouski, Gaspé, Baie-Comeau, Sainte-Marie et les Îles-de-la-Madeleine. « Nous voulions ouvrir le dialogue avec la population pour mieux comprendre la réalité et le contexte des différents milieux de vie. C’est important d’écouter ce que les gens ont à nous dire et de décloisonner notre savoir », explique Mme Careau.

Dans le cadre de la présente campagne contre les préjugés, différentes activités de sensibilisation se dérouleront tant dans les classes que sur le campus pour exposer les étudiants aux situations d’inégalités en matière de soins. Une semaine sur la responsabilité sociale avait été organisée en mars 2018 avec le milieu communautaire, pour parler de santé des personnes en itinérance et de celle des autochtones (l’évènement sera reconduit en 2019.

Cultiver la proximité

« Une personne sur quatre n’a pas accès aux soins dentaires. Tout le monde connaît quelqu’un dans cette situation », rappelle la professeure en santé dentaire communautaire et épidémiologie de la Faculté de médecine dentaire de l’Université Laval, Aimée Dawson.

Son cours Approche clinique communautaire et sociale propose des soins gratuits aux personnes en situation de vulnérabilité, mais surtout un contenu théorique pour mettre de l’avant les notions de pauvreté et d’empathie. Intervenants invités en classe, récits de dentisterie narrative, participation à la Clinique SPOT, la professeure utilise différentes avenues pour faire cheminer ses étudiants.

« S’ils ont des questions, la clinique n’est pas forcément l’endroit. Il faut leur présenter le contexte et les enjeux, et surtout leur faire comprendre qu’ils ne sont pas impuissants, qu’ils ont le pouvoir de changer les choses », relève la Pre Dawson.

En dentisterie ou en médecine, les étudiants sont souvent exposés tardivement aux réalités marginales, ce qui expliquerait le manque d’intérêt pour œuvrer en santé communautaire et sociale. Pour la coordonnatrice générale de la Clinique SPOT, Nathalie Bouchard, « exposer plus tôt les futurs professionnels, cela forme une relève mieux outillée ».

Cette clinique communautaire de santé et d’enseignement rassemble autour de sa petite équipe — 10 médecins impliqués, deux infirmières, deux pairs aidants, etc. —, une trentaine d’étudiants motivés à s’impliquer auprès d’une population plus marginalisée et vulnérable. Les soins se donnent au sein de cinq points de service communautaires de Québec.

« Il y a beaucoup d’écoute. Les étudiants découvrent le parcours de combattant de ces personnes et mettent des visages sur la pauvreté. Cela brise les barrières entre eux et nous », explique Nathalie Bouchard.

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