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Inutile de dire qu’au plan scientifique, tout ce qui tourne autour de la COVID —en particulier les vaccins et les variants— sera suivi de très près cette année. Mais à quoi d’autre faut-il s’attendre en 2021?

1) Le retour du climat

Reléguée dans l’ombre par un certain virus, la crise climatique est toujours à nos portes, comme l’ont rappelé les événements extrêmes de 2020. L’arrivée d’un nouveau président aux États-Unis pourrait donner un nouvel élan aux négociations sur le climat, et d’ici à la conférence des Nations Unies de novembre —celle qui aurait dû avoir lieu en novembre dernier— on devrait savoir à quoi s’en tenir sur les intentions des principaux pays. Mais ce qui pourrait encore mieux en donner une idée, ce seront les plans de redressement de l’économie post-pandémie: quelle part sera réservée aux infrastructures vertes? À la fin décembre, seulement 1% des plans annoncés à travers le monde entraient dans cette catégorie, selon une analyse du groupe Bloomberg New Energy Finance. D'un autre côté, 2020 a vu de plus en plus de groupes prendre leurs distances de leurs investissements dans le pétrole, une tendance vouée à se poursuivre en 2021

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2) Une autre année d’événements météo extrêmes

Statistiquement, des catastrophes ne pourront faire autrement que de frapper. Il est impossible de prédire s’il y en aura autant qu’en 2020, qui fut une année hors norme, mais on peut au moins prévoir que d’autres records de chaleur seront battus —et comme d’habitude, beaucoup plus de records de chaleur que de records de froid. Avec des conséquences sur les populations locales: canicules, sécheresses et crises alimentaires à la clef.

3) Et la biodiversité ?

Les gouvernements ont failli à atteindre leurs cibles de protection de la biodiversité, a martelé en septembre un rapport des Nations Unies: pratiquement aucune des 20 promesses ayant fait l’objet d’un traité international il y a 10 ans n’a été tenue, et la plupart des cibles que ces pays avaient fixées pour 2020 ont été manquées de loin. Les conséquences sont connues: davantage d’espèces menacées, mais aussi des écosystèmes en déséquilibre, avec des impacts sur la faune et la flore, et sur les humains qui en dépendent. Or, la protection de la biodiversité ne figure qu’à peine dans les prévisions pour 2021 faites ces jours-ci par la plupart des grands médias de science: déjà que la COVID va monopoliser une partie de l’attention, les efforts de rattrapage pour combattre la crise climatique risquent de monopoliser le reste de l’attention.

4) Sur une autre planète

À des millions de kilomètres de là, février sera le mois de… Mars. La sonde américaine Perseverance doit se poser près d’un cratère et de ce qu’on suppose être le delta d’une ancienne rivière. La sonde chinoise Tianwen-1 doit se mettre en orbite et faire descendre un véhicule —ce qui pourrait être, pour ce pays, le premier atterrissage sur Mars.

5) Moins loin dans l'espace, mais pour voir plus loin

Également dans le cosmos, le tour est peut-être finalement venu pour le télescope spatial James-Webb, qui devrait être lancé le 31 octobre par une fusée française Ariane. Son miroir de 6 mètres et demi a six fois la puissance de son prédécesseur, Hubble, ce qui lui permettrait de capter les faibles émissions infrarouges d’objets très lointains, et même de scruter l’atmosphère de planètes tournant autour d’étoiles proches. Il aura coûté 8,8 milliards$, beaucoup plus que prévu à l’origine, et les astronomes espèrent que l’attente en aura valu la peine.

6) Traitement contre l’Alzheimer…

Les preuves sont encore faibles, mais le médicament, Aducanumab, a au moins fait la preuve qu’il ne posait pas de danger pour la santé: on s’attend donc à ce que l’organisme américain en charge (la FDA) approuve sous  peu ce qui serait le premier traitement censé être capable de ralentir la progression de l’Alzheimer. Mais « censé être capable » est la portion-clef de la phrase: les deux études de phase 3 ont présenté des résultats contradictoires quant à son efficacité.

7) … contre la malnutrition…

Un enfant qui a été sous-alimenté souffrira de problèmes à long terme, même après être passé à un régime alimentaire approprié. Entre autres, son microbiome —« l’écosystème » de microbes qui vit en nous— reste perturbé au point de nuire à la croissance du système digestif. Des chercheurs travaillent depuis des années au développement de suppléments alimentaires à faible coût, qui cibleraient spécifiquement le microbiome, et qui seraient destinés à des pays vivant une situation critique, comme le Bangladesh. Des résultats préliminaires encourageants avaient été publiés en 2019, et les experts espèrent des bonnes nouvelles en 2021.

8) … et pour déchiffrer les protéines

On a fait grand cas en 2020 d’une intelligence artificielle capable de résoudre un des plus gros casse-tête de la biologie: la façon dont les structures complexes des protéines s’emboîtent (ou non) les unes dans les autres. D’autres technologies, comme la cryo-microscopie électronique, progressent à grands pas pour observer ces microscopiques structures. Découvrir, parmi des milliards de combinaisons possibles, quels « duos » de protéines s’emboîtent, peut ouvrir la porte vers un médicament ou vers la compréhension des mécanismes d’une maladie.

9) À quand la fusion nucléaire?

La fusion nucléaire, c’est ce qui fait briller notre étoile depuis des milliards d’années. C’est le rêve d’une énergie illimitée et qui produirait peu de déchets —à ne pas confondre avec la fission, qui fait fonctionner les réacteurs nucléaires actuels. Depuis plus de 50 ans, les physiciens ironisent sur le fait que la maîtrise de la fusion nucléaire est à 50 ans dans le futur. Or, cette année, le plus gros réacteur expérimental de fusion nucléaire, le Joint European Torus (JET), basé en Grande-Bretagne, va commencer ses premiers essais, qui permettront peut-être de savoir si, après toutes ces décennies de recherches, on est capable de produire, ne serait-ce que pendant quelques secondes, davantage d’énergie qu’il n’en fallut pour démarrer la machine. Un autre réacteur expérimental, ITER, est en construction en France et les premiers essais sont prévus pour 2025.

10) Ils hériteront de la marine

Avant les voitures autonomes, peut-être aurons-nous des navires autonomes? Un robot se prépare pour son premier voyage transatlantique: Mayflower devrait, si tout va bien, quitter en avril le port de Plymouth, en Angleterre, à destination de New York. Au-delà de l’exploit sportif, le petit engin alimenté à l’énergie solaire est également conçu pour récolter des données environnementales… sans avoir à se soucier de la fatigue, au contraire de ses homologues humains.

Image: Syaibatul Hamdi / Pixabay

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