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La banque JP Morgan Chase, l’une des plus grosses institutions financières du monde et l’un des plus gros investisseurs mondiaux dans les carburants fossiles, prévient discrètement ses clients des risques croissants que représentent les carburants fossiles pour l’équilibre de la planète et le futur de l’humanité. 

Dans un langage qui aurait pu être celui employé par Greenpeace, le rapport condamne les stratégies d’investissement de la banque et souligne les inquiétudes, pas juste chez JP Morgan mais dans les grandes institutions de Wall Street, autour des risques posés par des investissements dans le pétrole et le gaz —risques environnementaux, mais aussi risques pour la réputation de l’entreprise et pour ses finances. 

Le rapport, signé par les économistes David Mackie et Jessica Murray, est daté du 14 février et a été dévoilé par l’organisme militant Extinction Rebellion à divers médias, dont le Guardian et la BBC. On y lit entre autres ce qui fait consensus depuis longtemps dans la recherche scientifique, à l’effet que l’accumulation des émissions de carbone dans l’atmosphère « continuera d’affecter le climat pendant des siècles, d’une façon qui deviendra irréversible ». Le rapport contient même l’expression « retombées catastrophiques ». 

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Et d’un point de vue strictement économique, les changements climatiques affecteront « la croissance économique, la santé et l’espérance de vie », en plus d'avoir un impact sur les réserves d’eau et de nourriture, et de provoquer des migrations forcées

JP Morgan Chase est accusée par les groupes environnementaux d’avoir prêté plus d’argent depuis trois ans aux nouveaux projets d’exploitation pétrolière que n’importe quelle autre banque (nouveaux pipelines, forages dans l’Arctique ou en haute mer). 

Il est possible que ce rapport, ou à tout le moins la crise climatique, soit évoqué mardi par son PDG, Jamie Dimon, dans une conférence à New York pour la « journée annuelle des investisseurs ». Cela s’ajouterait à une série d’autres annonces qui ont pris par surprise ces derniers mois, de celle du nouveau directeur de BP, qui veut rendre sa multinationale du pétrole « carboneutre » d’ici 2050, jusqu’au géant mondial de l’assurance Hartford et à la Société générale de France, qui ont annoncé qu’ils retiraient leurs sous de l’exploitation des sables bitumineux. Des quatre coins du monde de la finance, on sent en ce moment un changement d’attitude à l’égard des investissements dans le pétrole, qui aurait été impensable il y a quelques années. 

JP Morgan pourrait se défendre en invoquant avoir déjà lancé des avertissements à propos du risque climatique, mais ça n’a jamais été fait dans des mots aussi durs. En mai 2019, un document corporatif parlait des changements climatiques comme d’un « défi international » présentant des « risques pour les affaires ». 

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