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C'est par ces paroles que s'amorce notre rencontre avec Robert Lamontagne, comme pour faire comprendre d'entrée de jeu que le travail d'astrophysicien ne se résume pas seulement à échafauder des théories sur l'univers en regardant à travers un télescope.

 

Robert Lamontagne possède un doctorat en physique de l'Université de Montréal où il cumule les fonctions d'astronome ingénieur à l'Observatoire du Mont-Mégantic et celle de professeur-chercheur.

 

« Il y a des moments où on travaille avec un tournevis dans les mains. » explique notre blogueur qui est en train de procéder à la cure de rajeunissement du spectrographe de l'Observatoire du Mont Mégantic où il occupe la fonction d'astronome ingénieur. « Nous travaillons à améliorer la sensibilité de l'instrument en rendant son fonctionnement électromécanique. On en est à l'étape des détecteurs CCD, des pastilles sensibles à la lumière des étoiles. »

 

Le spectrographe est l'un des instruments absolument indispensables au travail des astronomes et astrophysiciens. « C'est un instrument qui décompose la lumière des étoiles, il disperse leur lumière à la manière d'un prisme pour détecter la présence d'étoiles ou mesurer la composition chimique... Nous devons 90 % des découvertes de planètes extrasolaires à cet instrument. »

 

« Être astronome ingénieur, c'est porter plusieurs chapeaux, explique-t-il. Je m'occupe de tout ce qui concerne l'équipement technique de l'Observatoire, de la conception d'instruments d'observation à la rédaction de manuels d'utilisation, jusqu'à l'entretien de ce matériel.» Une très grosse mécanique qui comprend le télescope, bien sûr, mais également, tous les instruments d'observation. « Pour un astronome, même la coupole de l'Observatoire et les portes à partir desquelles pointe le télescope sont considérés comme du matériel scientifique. » En fait, être astronome ingénieur, matériellement du moins, c'est pratiquement être responsable de l'Observatoire au complet !

 

Comme quoi le travail d'astrophysicien ne se résume pas à échafauder des théories sur l'univers en regardant à travers un télescope!

 

Robert Lamontagne fait également de la recherche. En ce moment, il étudie les naines blanches et les sous-naines avec ses collaborateurs à l'Université de Montréal. « Moi, je suis un spécialiste des observations, d'autres vont analyser ce que j'ai observé », dit-il en expliquant que les recherches en ce domaine se font à plusieurs niveaux, d'où l'intérêt de travailler en équipe.

 

"Quand je vais observer, j'ai un rituel. Je vais voir le coucher du soleil avant de préparer ma nuit. Puis, durant la nuit, je prends une pause pour aller regarder le ciel dehors. Parce qu'au travail, on le regarde seulement depuis la salle de contrôle. Et vers 5 heures, on sort pour regarder le lever du soleil. Les 5 à 7 des astronomes, raconte-t-il en rigolant, ont lieu de 5 à 7 heures du matin!

 

Enseigner et vulgariser

Robert Lamontagne vit également l'astronomie en l'enseignant. À l'Université de Montréal, il donne un cours d'astrobiologie, le seul en français parmi les rares qui se donnent au Canada. Ce cours, qui ne comptait à l'origine qu'une vingtaine d'élèves, frôle maintenant la centaine.

 

L'astrobiologie s'intéresse aux origines et à l'évolution de la vie dans l'univers: y a-t-il de la vie ailleurs et si oui, quelles seraient les conditions nécessaires? « Mon cours traite aussi de la question de l'humanité dans l'espace en demandant pourquoi nous ne sommes pas encore allés sur mars, par exemple. Il y a des raisons biologiques à ça. Je fais aussi un travail de démystification en traitant de la question des soucoupes volantes. » C'est un cours de vulgarisation, dans la tradition des cours d'introduction à l'astronomie destinés aux étudiants des autres disciplines. « On les appelle souvent des cours pour les poètes ».

 

« J'ai toujours eu un intérêt personnel pour la vulgarisation scientifique et son côté pédagogique, ajoute-t-il. Alors, quand il me reste du temps (on est étonné qu'il en trouve encore), eh bien je fais des choses comme ce blogue. »

 

Il ne croit pas que tous les scientifiques soient tenus de vulgariser. Certains ont plus de facilité à le faire que d'autres. Mais "en bout de ligne la vulgarisation, par ses retombées, peut servir à la communauté scientifique". Pour des raisons de réciprocité d'abord: le travail d'astronome "n'a aucune retombée économique, ni d'impact direct sur la vie des gens. C'est pourtant avec leur argent que je peux faire mes travaux de recherche. Disons que la vulgarisation est une façon de retourner leur investissement." Ensuite, par le rêve que l'on véhicule. "L'astronomie est probablement la science qui a le plus de sex appeal. Une nébuleuse, un ciel étoilé, c'est beau. Et puis, tout le monde se pose les fameuses questions fondamentales comme d'où venons-nous ? Comment la vie est-elle possible ? J'offre une réponse scientifique que les gens peuvent prendre ou pas. Répondre à cet appel du rêve est l'aspect plus poétique de la vulgarisation."

 

Il croit que la passion est un trait caractéristique des astronomes. "Comme beaucoup d'astronomes, je regarde le ciel continuellement. Quand je me perds en voiture, je m'oriente avec le ciel pour retrouver le chemin... Et dès qu'il fait noir, qu'il n'y a rien à faire, je regarde le ciel, gratuitement, parce que c'est l'fun!

 

par Delphine Naum

 

Le site du Centre de recherche Observatoire Mont Mégantic de l'Université de Montréal 

 

Le site de l'Agence spatiale canadienne

 

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