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Quelle est l'importance de donner plus de place à la science? Quel en est le réel bénéfice, particulièrement en ce qui concerne la cause environnementale?

Par Dr Jean-Patrick Toussaint

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Scientifiques muselés par le gouvernement, coupures budgétaires importantes dans les ministères et centres de recherche en environnement, dégradation et perte de nos milieux naturels...décidément, rien ne va plus au Canada! La voix de la science est bafouée, voire ignorée.

Les fondements mêmes de la science (qui signifie « connaissance ») reposent sur l'observation de notre environnement (au sens large), la formulation d'hypothèses concernant certains phénomènes observés, et sur l'investigation rigoureuse émanant de ces hypothèses afin de les confirmer ou de les réfuter. La récolte de ces informations nous permet de mieux comprendre notre monde et ainsi de faire avancer nos connaissances scientifiques. Ces connaissances sont par la suite partagées par l'entremise des centres du savoir, comme les universités ou autres établissements d'enseignement.

Ce partage de nos connaissances scientifiques est un élément clé de la prise de conscience collective qui a fait progresser constamment les civilisations et la société moderne de manière générale — de là toute l'importance de la science!

C'est grâce à la science que Galileo Galilei nous a fait prendre conscience que la Terre tourne autour du Soleil et non l'inverse et que Svante August Arrhenius nous a permis de découvrir le lien entre l'augmentation du CO2 atmosphérique et l'augmentation des températures terrestres en raison de l'effet de serre.

Vous acquiescerez alors qu'il est primordial que la science puisse circuler et être diffusée librement afin d'être connue de tout un chacun, mais aussi afin d'être constamment mise à jour. La science ne devrait donc pas être à la merci de valeurs politiques ou culturelles. Or, il n'est pas rassurant de constater qu'un gouvernement scrute au peigne fin les communications médiatiques de ses scientifiques dans le but de contrôler la divulgation de leurs recherches (surtout lorsque ces découvertes vont à l'encontre des politiques gouvernementales et de leur pratique courante).

Pour citer les propos de David Suzuki : « les tentatives visant à contrôler ou à limiter la recherche scientifique sont non seulement suspectes idéologiquement, mais elles s'avèrent souvent improductives et peuvent être énormément destructrices ». En fait, bâillonner la science, c'est priver les citoyens des connaissances nécessaires pour prendre des décisions éclairées. En cela, les attaques contre la science sont des attaques directes contre la démocratie.

Dans le contexte actuel, ici au Canada, nous nous devons de repositionner la science au cœur des débats environnementaux qui font rage comme les changements climatiques, le lien entre la santé et les problèmes environnementaux, la préservation de nos habitats naturels et de la biodiversité, etc. Cela est d'autant plus nécessaire puisque les scientifiques qui œuvrent au sein même du gouvernement ne peuvent plus divulguer librement les résultats de leurs recherches. Les Canadiens sont tenus dans l'ignorance des connaissances qui ont été acquises par leur propre gouvernement et financées par leurs impôts!

C'est dans cette optique de démocratisation des connaissances scientifiques que la Fondation David Suzuki a mis sur pied le Cercle scientifique David Suzuki il y a maintenant deux ans. Ces experts provenant de différentes avenues scientifiques mettent leurs connaissances à la disposition de tous afin de rehausser le discours scientifique en lien avec les différents enjeux et débats environnementaux, le tout dans le but de mieux nous outiller pour faire face aux défis environnementaux de notre époque et de nous permettre de prendre des décisions appuyées par des connaissances rigoureuses.

Afin de souligner l'implication bénévole de ces experts et de remettre le discours scientifique au cœur des débats environnementaux, je vous convie donc à venir les entendre lors d'une table ronde qui aura lieu le 14 mars 2012 à la salle Clark de la Maison du développement durable de Montréal.

Le savoir scientifique ne se traduit pas automatiquement par des changements de comportement, mais il est raisonnable de penser qu'il en est un des précurseurs. La science est présentement assiégée au Canada et aux États-Unis. Il est grand temps de lui redonner sa juste place afin que nos comportements ainsi que celui de nos gouvernements en matière d'environnement reflètent bien toutes nos connaissances scientifiques acquises, d'hier à aujourd'hui.

Faisons donc place à la science!

Je donne